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Herbe et sécheresse

G. Aveline, éleveur (35) : « Être opportuniste au pâturage »


TNC le 17/10/2022 à 09:03
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Accompagné de Lauriane Plénière, technicienne Agrobio 35, Guillaume Aveline témoigne sur son système laitier herbager. Cet éleveur laitier d'Ille-et-Vilaine a subi comme tout le monde la sécheresse estivale et compte bien en tirer des leçons.

Guillaume Aveline est agriculteur à Goven en Ille-et-Vilaine depuis 2011. Il y a 6 ans, il a introduit l’élevage sur sa ferme de polyculture en agriculture biologique. Il est aujourd’hui à la tête d’un troupeau de 60 vaches laitières en système pâturant (30 paddocks d’1 ha en pâturage tournant dynamique) et vêlages groupés d’automne.

Un déficit d’herbe récurrent l’été

« Cette année a été particulière. C’était d’ailleurs plus une canicule qu’une sécheresse chez nous, confie l’éleveur. On n’a jamais vraiment d’herbe sur juillet-août. C’était surtout difficile pour les vaches de supporter ces températures extrêmes. » Ce qu’il constate néanmoins c’est le retard de pousse en septembre : « L’herbe a du mal à repartir malgré le retour de la pluie. »

Chez Guillaume Aveline, c’est simple : les vaches sont en 100 % pâturage de mars à juin. Taries durant l’été, elles sont dirigées vers une parcelle parking en sous-bois pour se protéger des fortes chaleurs avec du foin à volonté. Elles reprennent le système de pâturage tournant sur septembre, et passent sur des dérobées de colza/avoine durant l’hiver (les sols sont drainants et portants). Les vaches dorment en bâtiment la nuit de décembre à mars et disposent d’une ration à l’auge composée de 10 kg d’ensilage de luzerne et 5 kg d’ensilage de maïs (+ 3 kg de pâturage de dérobées au fil). L’éleveur tient à assurer les 200 jours de repos sur les prairies l’hiver.

S’adapter aux conditions extrêmes

Conseillère pour Agrobio 35, Lauriane Plénière s’inquiète des années à venir : « Heureusement, l’année 2021 était exceptionnelle et les éleveurs ont fait du stock qui a pu être consommé cet été. Maintenant reste à savoir comment sera l’année 2023. Si c’est une nouvelle sécheresse, ça risque d’être problématique… »

Pour elle, l’important est d’adapter les prairies aux conditions extrêmes (été comme hiver d’ailleurs, avec par endroits des zones inondables comme c’est le cas chez Guillaume). Ça passe par des prairies à flores variées. Chez notre éleveur, les mélanges sont constitués de ray-grass anglais, trèfle blanc et/ou violet, fétuque, luzerne et lotier. « Le traditionnel ray-grass/trèfle blanc a ses limites, il vaut mieux ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. »

« L’herbe reste la meilleure solution face aux aléas climatiques », Lauriane en est convaincue. « Elle repousse toujours si elle est adaptée à son sol et au mode d’exploitation. Maintenant, reste à la valoriser au mieux, c’est-à-dire aller la chercher quand elle est disponible. Aujourd’hui, avec des hivers plus doux, on arrive à pâturer des volumes intéressants sur l’automne-hiver. » L’éleveur confirme : « il faut être opportuniste », mais à condition de s’en donner les moyens. Chez lui, il s’agissait d’aménager des chemins d’accès.

À voir aussi : le réseau des agriculteurs bio de Bretagne a sorti un guide sur les systèmes herbagers : Produire de l’herbe biologique en Bretagne

Guillaume Aveline s’est aussi lancé dans l’agroforesterie en plantant pas moins de 400 arbres dans ses parcelles. S’il cultive toujours du maïs, il réfléchit actuellement à la betterave fourragère, ainsi qu’à passer ses récoltes en ensilage plutôt qu’en enrubannage. « Le graal pour moi serait de sécher du foin en grange. Je le ferai si le lait était payé plus cher. »

Quant à sa période de vêlages groupés, il se justifie : « Cela convient à mon système car je n’ai pas de production d’herbe l’été. » Et la conseillère approuve : « Le printemps n’est plus forcément la saison la plus intéressante pour les vêlages groupés. Les vêlages d’automne sont certes plus couteux car ils nécessitent de faire des stocks d’hiver et d’utiliser de la mécanisation, mais ils s’avèrent de plus en plus opportuns. »