Fauche, andainage, ensilage : comment récolter le sorgho ?
TNC le 08/09/2023 à 17:07
Alors que la saison des ensilages de maïs bat son plein, certains éleveurs songent à leurs récoltes de sorgho. Ensilage de plante sur pied façon maïs fourrage, ou récolte façon ensilage d’herbe ? On vous explique comment faire le bon choix.
« Il faut différencier le sorgho monocoupe du sorgho multicoupe », introduit Gwendal Hercouet, technicien production végétale pour la SARL Moisdon. Les deux cultures proposent un fourrage aux qualités nutritionnelles différentes, ce qui implique des modalités de récolte différentes.
« Avec le sorgho multicoupe, on cherche un compromis entre qualité de fourrage et quantité de matière ». La culture permet d’obtenir un fourrage riche en UF, mais pauvre en amidon. « Il apporte de l’énergie seulement par les sucres issus de ces tiges et ces feuilles. C’est un peu comme un maïs sans épis », résume le conseiller. Il est généralement récolté à la manière d’un ensilage ou enrubannage d’herbe, c’est-à-dire avec faucheet mise en andain. Cette technique permet de choisir une date de récolte indépendamment du niveau d’humidité de la plante. Il demeure toutefois possible de réaliser un ensilage de la plante sur pied si le taux d’humidité de la culture le permet.
Le sorgho monocoupe s’apparente davantage au maïs. « L’objectif est de récolter la plante plus tardivement dans son cycle de végétation pour bénéficier de la graine, qui assure un apport en énergie », précise Gwendal Hercouet. L’éleveur peut alors ensiler la plante entière si le taux d’humidité le permet. Pour ce faire, viser les 25 — 28 % de MS à l’ensilage. Mais certains éleveurs séparent les opérations de fauche et d’ensilage sur des sorghos monocoupe.
Un andain pour gagner en débit à l’ensilage
Question chantier, la mise en andain est certes une étape supplémentaire, mais elle permet d’améliorer le débit de l’ensileuse. Et c’est justement elle qui coûte cher. « On fauche généralement avec une faucheuse-andaineuse de 10,50 m de large », décrit un entrepreneur. Une manière de réaliser des andains sans avoir à trop manipuler la culture au volume imposant. « Avec un andain, l’ensileuse récolte l’équivalent de 10m50 de culture en un passage avec un pick-up à herbe ».
Difficile cependant d’identifier le coût de ces chantiers, l’activité de récolte de sorgho étant encore marginale. « Pour cent chantiers de maïs, on compte à peine 5 chantiers de récolte de sorgho en ensilage », rappelle le chef d’entreprise, mais les tarifs se rapprochent de ceux de l’ensilage d’herbe. « On est sur le même type de prestation (fauche, mise en andain et ensilage), à cela près que le sorgho est un peu plus volumineux. Cela peut faire gonfler un petit peu le prix ».
Pas besoin d’éclateurs à grain
Pour l’ensilage sur pied, la récolte ressemble à quelques éléments près à celle du maïs. Le sorgho étant généralement semé au semoir à céréale, le risque de bourrage y est plus important. « Certains agriculteurs ont des disques à sorgho sur des semoirs monograines, mais c’est encore très marginal. L’enjeu est de bien gérer le flux de matière pour ne pas saturer la machine ». Mais avec du sorgho, pas besoin de rouleaux éclateurs, les graines sont assez petites. « Généralement on les retire », précise l’entrepreneur. Or, ce sont eux qui demandent beaucoup de puissance à l’ensileuse. À volume de matière constant, il sera donc possible d’avoir un meilleur débit de chantier sur du sorgho que sur du maïs. Le principal réglage réside alors en la longueur de coupe, mais « pour cet aspect, tout dépend des demandes de l’agriculteur ».
D’après les barèmes d’entraide, le coût d’un chantier d’ensilage de maïs avoisine les 160 €/ha (+/- 10 €). Il est possible d’espérer des tarifs légèrement plus bas pour l’ensilage de sorgho sur pied. « En maïs, c’est le rendement en grain qui conditionne une partie du débit de l’ensileuse. Plus il y a du grain, plus cela prend du temps. Avec le sorgho on saute cette étape, mais il faut tout de même donner le temps à la machine de hacher la plante. D’autant que les volumes de matière à traiter sont assez proches pour les deux cultures », détaille l’entrepreneur.