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Communication

Face au manque de marins, les métiers de la pêche soignent leur image


AFP le 23/05/2019 à 12:26
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Comment recruter 1 200 à 2 000 marins en cinq ans ? Les besoins de main d'oeuvre dans les métiers de la pêche se heurtent à la désaffection des jeunes pour ce secteur, qui déploie pourtant formations attractives et campagne de promotion pour séduire. « Depuis tout petit j'adore la pêche, j'ai plusieurs oncles marins pêcheurs, ça m'a donné envie de faire ce métier », raconte Pierre Rousselot, 16 ans, qui a intégré l'école des pêches des Sables d'Olonne et de l'île d'Yeu (Vendée) en septembre pour préparer un CAP « matelot ».

Dans la salle de classe qui surplombe le port de plaisance, il est pourtant le seul élève attablé, son unique camarade ayant rapidement abandonné après la rentrée. Sur neuf élèves en formation, seulement trois ont passé leur diplôme en juin dernier, après deux ans d’apprentissage. « C’est un peu compliqué, il faut vite prendre le pli, mais ça me plaît », lance l’apprenti qui part en mer à la journée. Mais d’autres matelots peuvent passer jusqu’à 40 jours sur un bateau : face à des conditions de travail atypiques et difficiles surtout en période hivernale, certains jettent l’éponge. Ils abandonnent « parce qu’ils se sont trompés de voie ou que c’est compliqué pour eux d’être loin de leurs familles et de leurs amis lorsqu’ils passent plusieurs jours en mer », explique Jacky Couthouis, le directeur de l’école, précisant que « certains sont malades dès le début » ou « ne s’entendent pas avec l’équipage et n’ont pas la motivation de chercher un nouveau patron ». Les conditions de travail ont pourtant évolué. « Les pêcheurs ne passent pas beaucoup plus de 200 à 220 jours en mer dans l’année », ce qui leur laisse près de 150 jours à terre, précise Jacky Couthouis. La flotte vieillissante est progressivement remplacée par des bateaux plus modernes, confortables et sécurisés. Et le salaire, très attractif, dépasse souvent deux fois le Smic, selon l’établissement. Ces gages ne suffisent pas à redorer l’image d’une filière abîmée par la crise du gazole, selon le directeur. « Jusque dans les années 80-90, il y avait du monde dans les écoles mais avec la crise les effectifs ont commencé à chuter. Aujourd’hui, on paye les pots cassés », déplore-t-il.

Pas besoin d’être « né dedans »

Pour susciter des vocations, cette école des pêches ouvre ses portes, communique sur les mesures de sécurité inculquées aux marins, propose avec Pôle emploi une formation rémunérée avant l’embauche et a instauré des formations courtes pour adultes. « Ça m’a toujours attiré, ce n’est pas un travail salarié et j’ai de la famille qui a un bateau en Bretagne », confie Allan Copy, trentenaire et ancien pompier en région parisienne, qui passe actuellement son certificat « matelot pont ». « Sur les cinq prochaines années, on a besoin d’environ 1 500 à 2 000 marins, du matelot au patron de pêche », d’autant que de nombreux chefs d’entreprises vont également partir à la retraite, souligne le comité national des pêches. Plus de 1 000 patrons de pêche devraient ainsi quitter le métier dans les cinq ans qui viennent, selon cette source qui a recensé en 2017 quelque 15 000 marins pêcheurs équivalent temps plein et environ 5 000 chefs d’entreprise à la pêche. De son côté, le comité national des pêches a lancé en mars une campagne de promotion qui s’intitule « Lignes d’horizon », présentée sous forme d’un documentaire en trois séquences, accessible sur un site internet dédié. « L’idée principale, c’est de s’adresser aux jeunes et à leur familles, pas forcément issus du littoral, et de leur expliquer que le métier de marin-pêcheur, il ne faut pas forcément être né dedans, mais que c’est ouvert à tout le monde », précise le comité.