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Dauphins échoués

Face à un phénomène d’ampleur, des moyens renforcés


AFP le 22/03/2019 à 16:30

François de Rugy a annoncé vendredi à La Rochelle des moyens renforcés et un plan déployé « d'ici la fin de l'année » pour lutter contre les captures accidentelles et la mort de dauphins, dont le nombre ne cesse d'augmenter.

Le ministre de la transition écologique, qui s’est rendu à l’Observatoire Pelagis, a annoncé que les moyens de ce centre de recherches sur les mammifères et oiseaux marins seraient renforcés, avec une dotation supplémentaire de 100 000 euros de son ministère (300 000 euros aujourd’hui).

« Je souhaite qu’on poursuive le travail de connaissance scientifique de ce phénomène », a affirmé le ministre devant les chercheurs, appelant à une « analyse complète et approfondie de la situation ». L’Observatoire a recensé plus de 1 100 dauphins échoués sur la côte atlantique depuis début janvier, principalement en Vendée, Charente-Maritime et Gironde, des chiffres préoccupants qui, selon les chercheurs, augmentent chaque année depuis 2017. « Aujourd’hui, la principale mesure pour lutter contre l’hécatombe, ce sont les « pingers » » – des répulsifs sonores qui effarouchent les dauphins – a rappelé François de Rugy, « il faut savoir s’ils sont suffisamment efficaces et si tous les bateaux en sont équipés ».

Beaucoup de navires français en sont équipés « mais pas tous. Il faudra voir les flottilles étrangères », a-t-il poursuivi en appelant à un « accord européen notamment avec les Espagnols ».

Des sanctuaires marins

« Je veux aussi que l’on regarde les sanctuaires marins, les avantages et les inconvénients », a ajouté le ministre en estimant que « l’ensemble de ces mesures permettra un plan de déploiement (de lutte contre les captures accidentelles) d’ici la fin de l’année ».

François de Rugy a également rappelé que la « filière pêche reconnaît sa part de responsabilité » et participe avec l’Ifremer notamment, au projet scientifique Licado qui travaille sur un « pinger » de nouvelle génération et de balises de filets. Ces dispositifs actifs (pingers) et passifs (balises) seront soumis à une étude scientifique sur trois saisons de pêche, soit jusqu’en 2022.

La pêche est très active dans le Golfe de Gascogne entre décembre et fin avril. « On le sait, les captures dans les filets de pêche sont la première cause de mortalité des mammifères marins et la première menace sur leur survie », affirme Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France. Cette association dénonce le manque de « contrôles suffisants » de « sanctions suffisamment dissuasives ».

Les chalutiers pélagiques français ont équipé dès 2005 leurs navires de pingers, amenant une réduction d’environ 60 % des captures accidentelles, selon les constatations de pêcheurs et chercheurs.

Selon Olivier Le Nézet, président du comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de Bretagne, qui rassemble quelque 6 000 pêcheurs, soit un tiers de la profession, l’augmentation de la population de dauphins ou le dérèglement climatique pourraient expliquer l’accroissement des captures accidentelles, mais ces hypothèses ne sont pas confirmées par les chercheurs. Des observateurs ont embarqué sur des chaluts pélagiques français, mais cette démarche n’est pas obligatoire pour les pêcheurs. Récolter des échantillons représentatifs des flottilles permettrait pourtant de trouver des solutions concrètes pour préserver les dauphins, selon Pelagis.

Par ailleurs, Paris a annoncé sa volonté de discuter avec ses voisins européens de la problématique des dauphins échoués, le droit de la pêche relevant du droit communautaire. Les pêcheurs français demandent un effort collectif, visant leurs homologues espagnols ou portugais qui naviguent dans les mêmes eaux qu’eux.