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Élevage laitier

Enrayez le creux de production automnal


TNC le 29/11/2021 à 06:04
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Avec les travaux de plaines qui se bousculent a l'automne, on a tendance a laisser passer plus de choses dans les vaches mais gare a la baisse de production ! (©TNC)

Pour arriver en fin de campagne aux objectifs économiques que vous vous êtes fixés, la production doit être optimale tous les mois de l’année. Comment réagir si l’on observe un creux à l’automne ?

« Souvent à l’automne, les éleveurs déplorent de produire moins de lait que le niveau qu’ils attendaient, remarque Jean-Pierre Viel, consultant robot et nutrition chez Eilyps. Dans la plupart des cas, ce n’est pas dû à un gros problème de conduite mais plutôt à l’accumulation de petits écarts. » En janvier/février, les indicateurs repasseront au vert mais les performances laitières n’auront pas été optimales pendant 2 ou 3 mois. « Si par un manque d’efficacité, la marge sur coût alimentaire baisse de 1 €/vache/jour, le revenu de l’atelier laitier sera rapidement impacté. Il faut donc réagir vite et définir les points à améliorer pour ne pas que ça se reproduise. »

Pour éviter que la production laitière ne connaisse un creux à l’automne, il faut être vigilant sur plusieurs points :

Bien gérer la transition vers le maïs de l’année

Pour que la flore du rumen ait le temps de s’adapter, il faut impérativement éviter les transitions alimentaires trop brutales. L’idéal serait de le faire sur 3 semaines mais c’est contraignant. L’optimum est de respecter 7 à 10 jours de transition entre chaque silo.

Avant d’attaquer le maïs de l’année, il faut le laisser fermenter au minimum un mois. Pour une valorisation efficace, le nutritionniste préconise 3 mois de fermentation, ce qui permet d’avoir un amidon plus digestible et de réaliser une transition en plein hiver, sans risque d’échauffement. Attendre cet optimum de fermentation exige d’avoir un silo dédié au report de stock. Cette année, avec des stocks d’herbe et de maïs plus importants, c’est l’occasion de voir à plus long terme et, ainsi, de s’organiser pour les transitions prochaines.

Attention à la fin de campagne de pâturage

D’autant plus quand la production d’herbe se prolonge tard sur l’automne (comme cette année) avec un fourrage qui, bien qu’intéressant, est boudé par les vaches, ce qui pénalise l’ingestion. En effet, suite aux nombreux passages et à l’accumulation des zones de bouses, les pâtures deviennent moins appétentes.

S’il est logique de vouloir valoriser ce fourrage, il peut être plus judicieux de le faire pâturer par les taries ou les génisses. Soit les vaches passent en ration hivernale, soit vous leur réservez le pâturage de fourrages de meilleure qualité, comme des dérobées ou les nouvelles prairies.

Connaître précisément la valeur de la ration distribuée

Pour bien adapter la ration, il est indispensable de connaître précisément ce qui est distribué et en quelle quantité, ce qui passe par des analyses de chaque fourrage et une pesée quotidienne de la ration.

Ne pas négliger un contre-coup de stress thermique

Quand le troupeau a subi des périodes caniculaires, les organismes sont mis à l’épreuve et l’impact sur la production laitière et la reproduction se prolonge à l’automne. Pour éviter cet arrière effet, il faut être particulièrement vigilant pendant ces périodes de fortes chaleurs.

Si les éleveurs sont attentifs aux laitières, il ne faut pas oublier les taries, pour éviter d’avoir des démarrages en lactation pénalisés de 4 à 5 kg.

S’assurer d’avoir suffisamment de main-d’œuvre disponible pour le troupeau

L’augmentation du nombre de vaches par UTH tend l’organisation lors des congés d’été, en cas de transition entre deux salariés, ou encore lors des pics de travaux dans les champs. Quand on a moins de temps disponible pour le troupeau, on peut baisser la garde sur la surveillance, alléger l’hygiène de traite, reporter certaines interventions, comme du parage ou de la prophylaxie. Autant de petites choses qui, mises bout à bout, peuvent impacter le niveau de production.

« Quand les travaux des champs se calment en novembre, on retrouve plus de temps pour le troupeau, ça portera ses fruits en janvier, encourage Jean-Pierre Viel. Pour éviter ces périodes, il faut garder une certaine polyvalence chez les associés, voire recentrer son temps autour du troupeau quitte à déléguer d’autres tâches. »

Les vaches baissent plus vite qu’elles ne remontent.Une fois tous les ajustements nécessaires réalisés, il faudra faire preuve de patience et accepter que la remontée de lait prenne du temps. Jean-Pierre Viel rapporte une expression bien connue, « les vaches baissent plus vite qu’elles ne remontent ». Il est donc primordial de bien raisonner ses choix techniques sur le long terme en s’appuyant sur la marge sur coût alimentaire.