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Brexit

Didier Guillame tente de rassurer les pêcheurs français


AFP le 12/09/2019 à 16:24

Le ministre de l'agriculture et de la pêche, Didier Guillaume, a estimé jeudi qu'il n'y avait « aucune raison » que les pêcheurs français ne puissent plus pêcher dans les eaux britanniques, même en cas de Brexit dur.

Didier Guillaume tentait ainsi de rassurer les pêcheurs qui craignent la mise en place d’un Brexit sans accord entre le Royaume-Uni et l’UE. « Il n’y a aucune raison que les pêcheurs ne puissent plus aller pêcher dans les eaux britanniques, il n’y a aucune raison : il n’y a pas de problème halieutique, il n’y a pas de problème de ressources, la régénération a été faite. Si c’est interdit, ça veut dire que ce sera interdit par une décision politique », a déclaré le ministre avant l’ouverture des assises de la pêche et des produits de la mer, qui se tiennent à Granville (Manche), jeudi et vendredi. Rappelant la position de l’Élysée et du négociateur de l’UE, Michel Barnier, selon laquelle « la pêche ne peut pas être la variable d’ajustement du Brexit », le ministre a affirmé qu’il était « hors de question de sortir la pêche de la négociation ».

« De toute façon, la Grande-Bretagne elle va rester là où elle est, l’île, elle est là, donc, de toute façon, il y aura bien du commerce qui sera fait entre l’Europe, l’Union européenne en général et la France en particulier, avec le Royaume-Uni », a estimé Didier Guillaume. « Peut-être qu’il y aura une période difficile à passer, on va mettre tout ce qu’il faut pour qu’on la passe le mieux possible, j’espère qu’on arrivera à la passer sans trop de mal, peut-être qu’il n’y aura pas de difficultés, et après, de toute façon, ça repartira », a ajouté le ministre.

Les pêcheurs normands, dont une grosse part de la pêche provient des eaux britanniques, sont parmi les plus inquiets mais le ministre leur a enjoint d’« investir ». Lors d’un colloque organisé par la région Normandie, consacré aux fonds européens pour la pêche, plusieurs pêcheurs ont fait part de leur inquiétude quant aux conséquences du Brexit à venir. La pêche française provient, pour 20 à 30 % des eaux britanniques auxquelles les armements européens ont pour le moment accès, en vertu d’accords européens. Ce pourcentage est même beaucoup plus important pour les régions septentrionales que sont les Hauts-de-France, la Normandie ou la Bretagne nord.

Lors de son discours aux assises puis devant la presse, le ministre a appelé à la « solidarité totale » entre pays de l’UE, mais également au sein de ces pays, notamment entre pêcheurs français. Certains acteurs évoquaient, sous couvert d’anonymat, la tentation pour certains pêcheurs normands ou bretons, d’aller pêcher chez leurs voisins au cas où ils n’auraient plus accès aux eaux britanniques, de même que pour les Néerlandais et les Belges. « Nous souhaitons nous prémunir de tensions entre pêcheurs bretons et pêcheurs normands », a réagi auprès de l’AFP Dimitri Rogoff, président du comité régional des pêches de Normandie. Concernant ses voisins européens, il a déploré que le secteur de la Manche-Est soit devenu un « Far-West », car « seulement 20 % des espèces qu’on y trouve sont sous quotas européens ». « Evidemment, nous nous préparons au pire », a indiqué Didier Guillaume, au sujet du Brexit, indiquant qu’en cas d’interdiction, « pour tous les bateaux qui font plus de 20 % de pêche dans les eaux britanniques, évidemment il y aura des aides ».