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Élevage Hébert (76)

Deux sœurs, 50 Normandes et une passion pour les concours


TNC le 16/07/2021 à 06:03
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Justine et Constance Hébert sont à la tête de l'élevage familial de Normandes près de Fécamp en Seine-Maritime. Les deux sœurs sont passionnées de génétique et férues de concours. Elles préparent d'ailleurs leur prochaine grande étape : le Space 2021 et son concours Normande où s'affronteront 90 vaches de tous horizons.

C’est à Tourville-les-Ifs en Seine-Maritime que Justine et Constance Hébert, deux sœurs de 27 et 22 ans, nous ouvrent les portes de leur exploitation. Encore en cours d’installation, elles ont repris les rênes de l’élevage familial en 2018 suite au décès de leur père Benoît. Et Constance confie modestement : « On essaie de faire perdurer l’élevage du mieux qu’on peut. »

Elles élèvent avec passion une cinquantaine de vaches Normandes sur 60 ha de SAU. « On ne vit que pour ça », estime même Justine. « C’est un défi pour nous d’ améliorer chaque jour notre troupeau. On n’a pas le droit à l’erreur à cette échelle. » Et même si le parcours n’a pas été de tout repos, elles affichent aujourd’hui un beau niveau d’étable tout en poursuivant le travail génétique initié depuis des années par leur père.

Une bonne Normande c’est…

« Une bonne tête carrée, un bon bassin, de bonnes pattes, de bonnes attaches de mamelle, du lait, de la mixité, et surtout une vache sympa ! » Voilà comment les deux éleveuses décrivent une bonne Normande. Elles relèvent tout de même quelques inconvénients à la race, notamment la hauteur des talons et les problèmes de pattes assez récurrents.

Pour la reproduction, elles choisissent des taureaux confirmés. Parmi eux, Vitriol, Lancaster, Montana. Elles sont particulièrement attentives aux aplombs, à la mamelle et à la morphologie au global. « On essaie de regrouper tous les critères positifs, on ne peut pas se permettre de baisser le niveau. »

Avec des taux moyens à 43/34, le prix du lait grimpe de 35 €/1 000 l, un aspect non négligeable. Concernant la viande en revanche, il n’y a pas d’ engraissement sur l’exploitation : les vaches partent à la réforme en fin de lactation à 350 kg environ et les veaux mâles sont vendus à un éleveur qui en fait des bœufs.

Constance explique son attachement au format de la Normande : « À la base, c’est une race mixte et je trouve que ça a peu changé ces derniers temps : l’organisme de sélection fait un gros travail sur l’index mamelle et les vaches sont plus typées lait, mais niveau gabarit, on a perdu en mixité et c’est dommage. »

Les concours pour se comparer aux autres

On peut dire que les deux sœurs sont tombées dedans étant petites car les concours, elles ont ça dans le sang ! Après un premier gros titre en 2000 au national de Caen, l’élevage Hébert n’a jamais cessé de fréquenter les rings. Les filles citent parmi les prix marquants le national de Saint-Brieuc en 2015 avec Happy Day et Gourmande respectivement 1 ère et 2 e de section, le Salon de l’agriculture à Paris avec Jasmine qui a fini 3 e de section, le Space en 2018 avec Lilou qui a fait championne jeune et meilleure mamelle jeune.

Lilou (fille de Galbraith) au Space 2018, meilleure mamelle jeune et championne jeune. (©Elevage Hébert)

« Tous les concours sont importants pour nous, du petit comice au national. Déjà, c’est un plaisir de présenter des vaches, de retrouver nos amis autour d’un moment convivial. Et cela nous permet aussi de comparer nos animaux aux autres. » Justine poursuit : « On ne cherche pas à avoir une excellente vache à concours, on veut un troupeau uniforme en améliorant les souches. »

Elles préparent actuellement deux vaches pour le Space 2021 puisque la Normande sera la race à l’honneur avec son concours d’envergure nationale le mercredi 15 septembre où s’affronteront pas moins de 90 animaux. Louisiane (Hawaï x Ulozon) vache en 4 e lactation, et Nikita (Ibernatus x Alma) en 2 e lactation devraient donc fouler le grand ring du Space à la rentrée.

« Les femmes ont autant leur place que les hommes »

Fières d’en être arrivées là, Justine et Constance confient quand même : « C’est dur car tout est fait pour les hommes. » Les deux jeunes agricultrices veulent aussi prouver qu’elles sont aussi bonnes que les hommes dans leur profession. Elles sont également reconnaissantes vis-à-vis de leur famille qui les épaule. « Notre mère et notre frère nous aident, mais aussi d’autres membres de la famille et des amis qui viennent prêter main forte si besoin. Et travailler en famille, c’est important pour nous. »

Au quotidien, elles se répartissent les tâches et effectuent un roulement : « L’une trait le matin, l’autre le soir et on alterne chaque semaine. On se relaie également un week-end sur deux. » Pour autant, elles se souviennent de leurs débuts à deux et expliquent : « Quand notre père est parti, on ne savait même pas conduire le tracteur, on ne faisait que la traite. Ça a été compliqué. C’est pour ça qu’aujourd’hui, même si chacune a sa spécialité, on essaie chacune de savoir tout faire car rien n’est jamais acquis. »

Les deux jeunes femmes ont encore des projets en tête : d’abord finaliser leur installation, puis bâtir une nouvelle stabulation plus grande et plus fonctionnelle que l’actuelle, vieillissante, afin d’accueillir 20 vaches de plus. Elles visent aussi un agrandissement de la surface pour passer à 70 ha et être plus autonomes sur l’alimentation du troupeau.