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Reportage au Gaec du Volay (72)

Des Montbéliardes à 10 000 kg de lait


TNC le 29/10/2021 à 06:04
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Pour le nouveau batiment autoconstruit en 2010, les eleveurs ont choisi une aire paillee curee une fois par semaine (paille a disposition, interet du fumier pour les terres sableuses) et une aire en caillebotis de 3,50 m de large ne necessitant pas de racleur. (©TNC)

La robotisation de la traite était la condition pour que la jeune génération du Gaec du Volay, dans la Sarthe, poursuive la production laitière. En y associant une bonne maîtrise de la qualité nutritionnelle de la ration malgré certains aléas, et une préparation avant vêlage soignée, les éleveurs atteignent une performance élevée pour la race.

« C’est une bonne surprise : nous avons réussi à tenir notre moyenne de 31 kg de lait par vache et par jour malgré le changement de ration. Les taux ont toutefois été plus bas : 38 g/litre de matière grasse et 32 g/litre de matière protéique. » Depuis le départ en retraite de leurs parents au milieu des années 2010, Paul Lebreton (installé en 2007) et son frère Louis (associé en 2014) pilotent la ferme familiale avec brio.

Les 60 vaches laitières de race Montbéliarde affichent des lactations à 10 000 kg de lait brut pour un rang de lactation moyen de 2,7. Ici, les vaches vieillissent bien et seulement 18 à 20 génisses, toutes génotypées depuis 3 ans, sont élevées pour le renouvellement.

2/3 maïs, 1/3 d’herbe… ou l’inverse

Cette année, la traditionnelle ration composée de deux tiers de maïs ensilage et un tiers d’ensilage d’herbe (ray-grass italien et luzerne en silo sandwich) a été chamboulée en raison d’une faible récolte de maïs en 2020 (7,5 t MS/ha contre 12 t MS d’habitude) suivie d’une volumineuse récolte d’ensilage d’herbe en 2021. « Nous produisons de la semence de ray-grass italien, en général après une première coupe d’herbe, explique Paul, en charge de l’atelier lait. Mais cette année, nous avons été contraints d’ensiler deux fois au printemps en raison de la verse de la parcelle de 15 hectares avant la récolte des semences. »

Résultat : de mai à septembre, les proportions de la ration ont été inversées avec deux tiers d’ensilage d’herbe pour un tiers d’ensilage de maïs. Elle a été complétée avec 2,5 kg MS/vache/jour de fibre de blé et exceptionnellement cette année 1 kg d’orge broyé. Au robot, les vaches reçoivent aussi 2,6 kg d’Amyplus, ainsi que le correcteur azoté soja/colza, réduit en raison du contexte de l’année de 1,4 à 1 kg/vache/jour.

Un effet milieu important

« Nous utilisons de la fibre de blé depuis trois ans et cela correspond bien à nos besoins, indique Paul. C’est un coproduit à 50 % de matière sèche. Il contient 19 % d’amidon, 19 % de matières azotées totales, et coûte 124 €/tonne brute en ce moment. Nous préférerons donc en acheter et vendre notre surplus de maïs en grains. »

En parallèle des ingrédients achetés, les éleveurs apportent un soin particulier à la récolte des fourrages. En disposant de tout le matériel nécessaire chez eux, y compris l’ensileuse en copropriété, ils peuvent être très réactifs et faucher au meilleur moment. Cela est payant en termes de qualité avec des analyses chiffrant à plus de 0,90 UFL/kg MS.

Six hectares sont consacrés au pâturage des vaches, représentant 30 à 50 % de la ration du mois de mars au mois de mai. Ils sont découpés en trois parcelles de deux hectares, dont chacune offre une semaine de pâturage à raison de trois heures par jour l’après-midi. Pour une bonne qualité d’herbe, ces prairies temporaires composées de ray-grass anglais, ray-grass hybride, fétuque et trèfle blanc sont resemées tous les quatre ans.

Au bâtiment, la ration est préparée à la mélangeuse le matin, et distribuée en deux à trois fois par jour pour conserver sa fraicheur et limiter le travail de repoussage manuel. « En termes de productivité, il y a un effet milieu important dans notre élevage car sur le papier, nos vaches sont dans la moyenne haute de la race sans avoir un potentiel génétique exceptionnel, constate Paul. Ce haut niveau de production obtenu par l’alimentation était déjà l’objectif de nos parents. »

« Sans robot, il n’y aurait plus de vaches ici »

Le nouveau robot a coute 150 000 euros dont il faut deduire la reprise de l’ancien. « Contrairement au prix des tracteurs, celui des robots ne flambe pas, estime Paul Lebreton lors de la journee portes ouvertes organisee par Seenovia. Il est stable pour davantage de performance et d’options. » (©TNC)

D’après Germain Néré, expert nutrition robot de Seenovia, la ration distribuée permet d’atteindre des pics de lactation de 43 kg/vache pour les multipares, 30 kg pour les primipares. Il souligne aussi la bonne anticipation de la lactation avec deux lots distincts : tarissement pendant cinq semaines, puis préparation au vêlage pendant trois semaines avec une ration plus riche en azote (2,5 kg de correcteur azoté) et un minéral spécifique.

L’exploitation était l’une des six choisies par l’entreprise de conseil en élevage pour ses portes ouvertes « Robot Day’s » le 5 octobre dernier. En 2020, le Gaec du Volay a renouvelé son premier robot DeLaval arrivé en 2010, pour passer au modèle V310 avec mesure du taux de progestérone. « On ne se projetait pas dans une carrière avec la traite tous les jours, affirme Paul. Sans robot, il n’y aurait plus de vaches ici. On s’y retrouve totalement. Le nombre moyen de 2,6 traites par vache et par jour contribue à la productivité : en 2010, nous avions gagné 1 000 kg en moyenne. »

« Sur le nouveau robot, l’option progestérone apporte du confort car ce n’est pas toujours évident de repérer les chaleurs. Quand le pic est mesuré chez une vache, l’insémination doit être programmée dans les 48 à 60 heures. De plus, nous pouvons désormais diagnostiquer les kystes foliculaires qui nous contraignaient autrefois à réformer des vaches. Et nous validons les gestations sans échographie. »

Les éleveurs ont également noté une amélioration de la vitesse de branchement, permettant de rétablir l’opération de lavage des trayons interrompue sur l’ancien robot car trop chronophage. Ceci a amélioré les taux de cellules et de butyriques dans le lait.