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Gaec Les Rivages (49)

Des femelles engraissées en autonomie protéique


TNC le 07/12/2020 à 06:02
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Avec 16 hectares de mélange céréales/protéagineux et 120 ha de prairies comprenant des légumineuses, les associés du Gaec Les Rivages dans le sud de l’Anjou ont les ressources suffisantes pour réaliser la finition d’une cinquantaine de bovins tout au long de l’année, sans achat de correcteur azoté.

En prenant chacun la suite de leurs parents, Christophe Baudouin et Jean-Noël Auvinet ont créé en 2004 un Gaec à cheval sur deux départements : Deux-Sèvres et Maine-et-Loire.

« Nous avons toujours utilisé un mélange céréalier pour nourrir nos bovins, indique Christophe. Au début nous engraissions des taurillons en achetant en complément des céréales et du correcteur azoté. Mais quand le prix des céréales s’est mis à augmenter alors que le prix du taurillon diminuait, nous avons arrêté cet atelier. »

Pour finir leurs vaches et génisses de deux ans, les éleveurs visent alors l’autonomie alimentaire. Ils commencent à cultiver un mélange de luzerne et dactyle pour en faire de l’enrubannage et du foin, en remplacement du correcteur azoté. « Cela a plutôt bien fonctionné, le plus dur étant de réussir l’implantation de la luzerne. »

Le Gaec Les Rivages en quelques chiffres :
2 UTH
136 ha de SAU
90 VA en cours de changement de race pour l’Aubrac
2 périodes de vêlages : printemps/automne
Débouchés : Unebio et un peu de vente directe

25 % de pois dans le mélange céréalier

En 2011, à l’issue d’un contrat d’agriculture durable (CAD), les deux associés décident de se convertir à la production biologique. « Ce qui nous a le plus encouragé était l’arrêt des produits phytosanitaires : nous n’avons jamais aimé ça. »

Désormais, avec 90 vêlages par an et 136 ha composés principalement de prairies et de 16 ha de mélange céréales/protéagineux, les éleveurs vendent entre 45 et 50 animaux bio finis chaque année. Cette finition sur trois mois passe presque toujours par la consommation de céréales broyées. « L’an dernier, nous avons réussi à engraisser des animaux au printemps uniquement avec du pâturage tournant sur prairies naturelles, souligne Christophe Baudouin. Cela est parfois possible en fonction de l’état des animaux à la mise à l’herbe et de la qualité de cette dernière, mais on ne peut pas compter uniquement là-dessus. »

Le mélange est composé de triticale, pois carré (gesse) et fourrager, et un peu d’avoine. Son rendement s’est élevé à 40 q/ha en 2020 contre 53 q/ha en 2019. « Nous le récoltons en grains en juillet et en réservons cinq tonnes chaque année pour produire nos semences. Ce volume est trié avec le trieur de la Cuma, puis nous reconstituons un mélange de semences dont 25 % du poids est constitué de pois. Nous prévoyons une densité de semis élevée à 180-200 kg/ha dans le but d’étouffer les adventices. »

Les deux types de rotation au Gaec Les Rivages. (©GABBAnjou)

Des protéines dans tous les fourrages

La farine fabriquée à l’aide d’un broyeur est distribuée aux animaux en finition. Le dosage démarre à 1 kg/j la première semaine, puis augmente d’1 kg par semaine jusqu’au palier de 6 kg/j les deux derniers mois. En complément, durant l’hiver en bâtiment, les bovins avalent jusqu’à 15 kg bruts d’enrubannage ou ensilage, et 4 kg de foin. Une partie des vaches est mise à l’abri pour la première série de vêlages dès septembre-octobre.

Dès que le temps le permet à partir de mars, les animaux accèdent au pâturage. De fin mars à début juillet, l’herbe fraîche représente 100 % des fourrages de la ration, sur des prairies temporaires de longue durée constituées de dactyle, fétuque et trèfles. En parallèle, des stocks sont récoltés en luzerne-dactyle (enrubannage, foin) et en ray-grass hybride-trèfle violet (ensilage, enrubannage, foin). « En raison de la présence de légumineuses sur toutes les surfaces en herbe, les protéines viennent de l’ensemble des fourrages, explique Christophe Baudouin. Nous ne faisons pas d’analyse mais nous ajustons la ration en fonction de l’état visuel des animaux et de l’aspect des bouses. Par exemple, nous associons l’enrubannage de luzerne-dactyle avec du foin de prairie temporaire, ou à l’inverse de l’enrubannage de prairie temporaire avec du foin de luzerne-dactyle ou ray-grass hybride-trèfle violet. »

Des marges brutes moyennes de 848 €/vache, ou 495 €/UGB ou encore 660 €/ha de SFP.

Le mélange céréalier est composé de triticale, pois fourrager et gesse, et d’un peu d’avoine. Cinq tonnes sont réservées pour servir de semences. (©TNC)

Moins de besoins pour la race Aubrac

Les éleveurs estiment le coût de la finition de leurs bovins à 3,30 €/j/animal dont 1,50 € de mélange céréalier (6 kg), 1 € d’enrubannage, 0,35 € de foin, 0,35 € de litière et 0,1 € de minéraux. « Ce calcul prend en compte notre coût de production pour le mélange céréalier bio, soit 250 €/t, et le prix du marché du fourrage enrubanné bio, soit 100 à 110 €/t MS », détaille Christophe Baudouin. Par ailleurs, le prix de vente moyen des vaches et génisses s’élève à 4,55 €/kg de carcasse. Cela génère des marges brutes moyennes de 848 €/vache, ou 495 €/UGB (pour un total de 161 UGB) ou 660 €/ha de SFP.

« Nous passons progressivement de la race Charolaise à la race Aubrac, ajoute Christophe Baudouin. Nous vendons nos laitonnes charolaises pour acheter des bêtes nées sur le plateau de l’Aubrac. Les premières sont arrivées en 2018. Ce sont des animaux plus rustiques, ayant moins de besoins. Et leur petit gabarit répond mieux à ceux du marché. En bio, les animaux sont déclassés à partir de 460 kg de carcasse. » Cette évolution est susceptible d’améliorer la marge de sécurité de l’exploitation en matière d’autonomie alimentaire. À l’avenir, et en fonction aussi de l’impact du changement climatique sur les ressources fourragères, le Gaec renouera peut-être avec la valorisation de veaux mâles en bœufs.