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EARL du Bois Rean (35)

Associer le maïs pour augmenter la MAT de l’ensilage


TNC le 13/12/2019 à 05:57
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En Ille-et-Vilaine, Louis le Lièvre de la Morinière a testé une association de maïs et de lablab pour augmenter la teneur en matières azotées totales de son ensilage. La première année de culture s’est révélée concluante, il attend maintenant de mesurer l’impact sur la production de lait des vaches.

C’est une étrange liane qui s’est développée cet été sur le maïs ensilage de l’EARL du Bois Rean à Guignen, au sud de Rennes (Ille-et-Vilaine). Cette légumineuse, nommée lablab, est importée d’Australie par la société Semental. En l’ensilant avec le maïs, l’objectif est d’augmenter la teneur en matières azotées totales (MAT) de la ration grâce à l’azote des feuilles et des tiges.

Pour un premier essai sur sa ferme de 85 vaches laitières menées en bio, Louis le Lièvre de la Morinière a vu les choses en grand. « J’ai implanté deux parcelles avec du lablab pour un total de 10 ha. L’ensileuse a ramassé 9 et 10 t/ha. J’ai semé 80 000 graines/ha de maïs et 50 000 graines/ha de lablab. Je pense que je renouvellerai l’an prochain, mais avec 100 000 graines/ha de maïs », prévoit-il.

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Plus d’azote dans l’ensilage grâce au lablab

Lors de l’ouverture du silo début novembre, le lablab n’était plus visible. Pourtant, l’éleveur affirme que lors du tassement, le tas était bien plus vert qu’à l’ordinaire. Il émet l’hypothèse d’une récolte plus tardive du maïs pour contrebalancer l’humidité supplémentaire apportée par le lablab. « J’ai été étonné, car il n’y avait pas de nodosités alors que c’est une légumineuse », déclare-t-il. Sur ce point, la société Semental cherche actuellement à homologuer un inoculum pour l’importer en France. En attendant que cette démarche aboutisse, elle conseille de fertiliser les maïs pour optimiser le développement du lablab.

À l’EARL du Bois Rean, les analyses effectuées lors de l’ensilage indiquaient un taux de MAT à plus de 12 % pour l’une des deux parcelles. Par rapport à un maïs classique à 7 % de MAT, l’amélioration est concrète. « Il faut nuancer ce chiffre élevé, car au moment de l’analyse, l’échantillon prélevé contenait peut-être une grande quantité de lablab, tempère Gaëtan Johan, de la structure Agrobio35 qui suit l’exploitation. Mais cette plante apporte de l’azote supplémentaire au mélange, c’est indéniable. » Alors que les vaches entament seulement l’ensilage de cette année, Louis le Lièvre de la Morinière attend impatiemment de voir l’impact sur la production de lait.

« J’ai implanté deux parcelles avec du lablab pour un total de 10 ha », explique Louis le Lièvre de la Morinière, éleveur laitier à Guignen (Ille-et-Vilaine). (©Tanguy Dhelin)

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Un itinéraire similaire au maïs seul

Pour implanter le mélange maïs-lablab, l’éleveur a mélangé les graines de ces deux espèces dans le semoir. Si le résultat est convenable, leur distribution n’est cependant pas tout à fait homogène. « Le haricot ne descendait pas de la même façon que la graine de maïs. À la fin, il restait beaucoup plus de lablab dans la trémie », se souvient-il.

Malgré une année sèche, il n’a pas constaté de concurrence particulière sur l’eau. Côté désherbage, le programme de lutte habituel avec un passage de houe rotative, puis de herse étrille et deux binages a été respecté. « Nous avons rencontré un problème sur le buttage lors du second binage, car cela enfouissait le haricot sous terre », relate l’agriculteur. L’un de ses voisins en conventionnel, ayant lui aussi testé l’association maïs-lablab, a pu gérer les adventices dans sa culture avec un désherbage post-levée et un binage.

Le lablab possède également l’avantage de couvrir en partie le sol. « Il concurrence bien les chénopodes. Par contre, il n’a pas d’impact sur le panic », constate l’éleveur. Lors de l’ensilage, il a également eu la bonne surprise de voir que la légumineuse s’était développée en rampant dans les ronds sans maïs. Ces couvertures localisées empêchent les adventices de proliférer.

Des chiffres prometteurs pour cette association maïs-lablab

Cette année, le semencier Semental a procédé à des analyses sur l’ensilage de nombreuses parcelles de maïs ayant été implantées avec du lablab. Il ressort que 70 % de ces maïs cultivés en association puis ensilés possèdent une teneur MAT supérieure à 7,5 %. À l’inverse, en culture pure de maïs, 70 % des analyses présentent une MAT inférieure à 7,5 %, selon les chiffres du laboratoire Germ Services. Pour ces ensilages de maïs associés, Semental indique également un taux de matière sèche inférieur de deux points à celui d’un ensilage de maïs conventionnel.

D’après les essais menés par le semencier sur un site d’expérimentation, l’association maïs-lablab peut favoriser le rendement par rapport à un maïs pur. Pour y parvenir, les apports azotés (230 unités d’azote) et la fertilisation phosphatée (200 unités de P2O5) doivent être ajustés. Fixer la densité de 100 000 grains/ha de lablab pour 75 000 grains/ha de maïs ouvre des perspectives de gain de rendement. L’entreprise Semental retient, elle, le chiffre optimal de 85 000 grains/ha de lablab.