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Maladies respiratoires

Allotement des broutards, peut-on se passer de l’antibiothérapie ?


TNC le 10/01/2019 à 05:54
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Les broutards issus de différents élevages puis allotés dans les ateliers d’engraissement sont très sensibles aux maladies respiratoires. Limiter le recours aux antibiotiques passera par la vaccination chez les naisseurs et l’organisation de l’information au sein de la filière.

Les maladies respiratoires, dites bronchopneumonies infectieuses enzootiques (BPIE) représentent près de 80 % des maladies rencontrées sur les jeunes bovins suite à l’allotement des broutards de différentes origines chez les engraisseurs. Ainsi, plus le lot est constitué de broutards de provenances différentes, plus le GMQ au sein du lot est variable suite aux maladies respiratoires qui apparaissent généralement dans les deux premières semaines après la mise en lot. Par rapport à un lot sein issu d’un même élevage, l’allotement d’animaux de différentes provenances entraîne une baisse de croissance de 50 à 100 g/jour et peut rallonger les durées d’engraissement de plus d’un mois.

Vacciner pour réduire l’usage d’antibiotiques

Comment réduire l’incidence des maladies respiratoires tout en limitant l’usage des antibiotiques dans les ateliers d’engraissement ? Le projet Sant’Innov piloté par L’Inra et l’Institut de l’élevage s’est penché sur la question. En effet, « l’antibioprévention, méthode qui consiste à traiter systématiquement par une injection d’antibiotique à l’arrivée des broutards, reste hyper efficiente d’un point de vue économique », reconnaît Marie-Anne Lefoll, vétérinaire chez Terrena.

L’Inra et l’école vétérinaire de Nante Oniris ont suivi 1 200 broutards répartis dans plus d’une centaine de lots. Les chercheurs constatent qu’en l’absence de cette antibioprévention, 18 % des broutards doivent être traités aux antibiotiques de façon curative. Et pourtant les éleveurs ne détectent et ne traitent que moins d’un tiers des bovins souffrants de maladies respiratoires. Ce qui signifie que plus de la moitié des bovins sont affectés à des degrés divers.

La vaccination contre les différents virus BPIE s’avère le seul moyen de réduire l’usage d’antibiotique dans les ateliers d’engraissement. Or la vaccination doit généralement être effectuée en amont sur les veaux chez les naisseurs avec des freins techniques liés à l’organisation de la vaccination (deux injections, difficulté pour vacciner les veaux au pâturage…). Encore faut-il qu’au moment de l’achat des broutards l’engraisseur puisse avoir les informations sur le statut vaccinal des animaux, et qu’il y ait des incitations financières pour les naisseurs qui vaccinent leurs veaux.

Un fossé entre le naisseur et l’engraisseur

Une enquête auprès de 220 élevages allaitants sur leurs pratiques vaccinales montre une méconnaissance de la provenance des animaux et du statut sanitaire entre les élevages naisseurs et les engraisseurs : 80 % des naisseurs ne connaissent pas la destination de leurs broutards et leurs performances en engraissement, tandis que 70 % des engraisseurs ne connaissent pas l’origine du broutard qu’ils achètent. 80 % des engraisseurs n’ont aucune information sur l’alimentation et les maladies des broutards chez les naisseurs.

7 % des naisseurs cherchent à faire des gros lots pour la vente de leurs broutards, ce qui diminue le nombre d’origines en centre de tri donc réduit des problèmes respiratoires en engraissement. Du côté des engraisseurs, 14 % recherchent un lot homogène au niveau du poids en prenant le risque d’augmenter le mélange des origines et donc le risque de problèmes respiratoires. Et seul 1 % des engraisseurs demandent des broutards vaccinés chez les naisseurs.

La moitié des engraisseurs enquêtés travaillent sous contrat pour l’approvisionnement des animaux, ou passent un contrat sanitaire (mortalité en début d’engraissement, vaccin obligatoire avec incitation financière). Et de plus en plus on voit apparaître des contrats tripartites entre un abatteur, un engraisseur et un tiers (coopérative ou privé). C’est le cas de Terrena qui met en place des contrats d’engraissement via sa filière Ter’elevage. La coopérative développe une méthode de médecine prédictive d’analyse des risques de maladies en fonction d’une quinzaine de critères afin de donner une note globale de sécurité par élevage ou par lot.