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Témoignage d'éleveurs

« J’ai choisi la Brown Swiss pour remonter les taux »


TNC le 12/11/2021 à 06:01
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Jan Bogerman pratique le croisement 3 voies : Holstein x Jersiaise x Brune. (©BGS)

En croisement ou en race pure, des éleveurs témoignent de leur choix d’intégrer la Brown Swiss, ou Brune des Alpes, pour améliorer les taux et la longévité.

Et si le croisement était une voie pour améliorer la rentabilité de son troupeau laitier ? Les adeptes de la race Brown Swiss, ou Brune des Alpes, en sont convaincus. Pour intégrer du sang Brown Swiss dans son troupeau, plusieurs voies sont possibles. Clément Sevin, éleveur à Ploubalay (Côtes-d’Armor), a misé sur un croisement d’absorption. Son histoire avec la Brune a débuté en 1995 quand son père a acheté quelques vaches pures pour remonter la moyenne des taux de son troupeau Holstein.

À son installation en 2007, Clément Sevin a repris un troupeau Holstein. « J’ai décidé de relancer les croisements d’absorption pour remonter les taux qui avaient été dilués par l’arrivée des nouvelles Holsteins », explique le jeune éleveur.

Des taux et des fonctionnels

Pour les taureaux utilisés en F1, il sélectionne en priorité sur les taux et les fonctionnels. « Ça me permet de gagner 1 point de TP et 2 de TB », apprécie Clément Sevin. Puis pour les 2e, 3e et 4e générations, il regarde aussi le lait pour ne pas trop perdre quand il arrive à des vaches pures. « Sur la 1ère génération, on bénéficie de l’effet hétérosis. Sur les 2e et 3e générations, le gabarit et le lait diminuent mais les taux et la fertilité s’améliorent. Enfin en 4e génération, on arrive au même profil que des Brunes pures », retrace le jeune éleveur.

Le croisement coûte moins cher qu’acheter des animaux purs.

Sur ses 70 vaches, un tiers sont des Brunes issues de croisement d’absorption, avec une moyenne de production à 6 400 kg, 45,2 de TB et 35,5 de TP. « Pour un prix de base en 2020 de 325 €/1 000 l, ça nous a permis de toucher 370 € ». Avec des bons rendements en maïs et une quantité de concentrés maîtrisée à 985 kg/VL/an, l’éleveur arrive à une marge sur coût alimentaire de 283 €/1 000 l.

Autre bénéfice de la présence des Brunes : des frais vétérinaires réduits. « Ils sont de 45 €/VL/an alors que la moyenne de mon groupe est à 75 €. Je suis au même niveau que des bios, souligne l’éleveur. Le bilan de l’introduction des Brown Swiss est positif. On aurait dû relancer le croisement avant. Ça coûte moins cher que d’acheter des animaux purs et permet d’augmenter rapidement les taux. »

Pour Clément Sevin, le croisement d’absorption Brune sur Holstein permet de gagner en taux et en fertilité. (©BGS)

Profiter de l’effet d’hétérosis

Quant à Jan Bogerman, s’il mise aussi sur les qualités de la Brown Swiss, c’est en croisement rotationnel. Cet éleveur de la Nièvre pratique le croisement 3 voies. « Sur nos 205 vaches, 100 sont des croisées, explique-t-il. Il y a 10 ans, nous avons commencé à croiser nos Holsteins avec des Jersiaises pour améliorer la rusticité et la longévité. On a choisi la Brown Swiss en 3e voie pour ramener du TP, maximiser le prix du lait et améliorer la qualité des pieds. Nos croisées sont de petites vaches aux pieds solides, bien adaptées au pâturage. »

Dans le croisement rotationnel, intégrer une 3e, voire une 4e, permet de maximiser l’effet d’hétérosis. « Avec les croisées, on perd l’équivalent de 1 000 litres mais on récupère sur les taux », confirme l’éleveur. Même si la finalité n’est pas d’obtenir des animaux de race pure, le croisement rotationnel doit se faire avec des taureaux cohérents, choisis en fonction d’une ligne directrice. « Pour nous c’est le compromis entre les taux et le lait, témoigne Jan Bogerman. Nous avons commencé les croisements il y a 10 ans et c’est la 4e génération qui est en train de vêler, sur lesquelles j’ai remis du Holstein pour remonter le lait. »

L’éleveur et son associé affichent, pour 2020, un prix du lait à 366 €/1 000 l, soit une plus-value de 40 € par rapport au prix de base pour une moyenne d’étable à 7 500 kg, 45,5 de TB et 35,5 de TP. « Le seul problème était la mauvaise valorisation des veaux mâles croisés. Donc on les garde pour faire des bœufs. »

Oser le croisement

Quand on parle croisement laitier, la référence est souvent la Nouvelle-Zélande où la moitié des laitières sont croisées, les fameuses Kiwis Holstein x Jersiais. En France aussi, le croisement se développe. Il y a 6 % de vaches laitières croisées, un effectif en constante augmentation.

« Depuis 2012, le nombre de croisement avec des taureaux Brown Swiss a augmenté de 60 % », note Solène Girardot, de Brune génétique services, qui rappelle les intérêts de ce croisement : « améliorer la fertilité et la longévité, ramener des taux. Les croisées Holstein x Brown Swiss produisent 5,5 % de matière utile de plus qu’une Holstein. »