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Gaec du Vert de lait (22)

« Du produit en moins mais du temps libre en plus »


TNC le 10/12/2020 à 09:28
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Installés dans les Côtes d'Armor, Franck et Maud Le Breton ont fait le choix d'orienter leur élevage vers le tout herbe et les vêlages groupés de printemps. Du produit en moins certes avec la réduction de la production mais des charges qui ont également fondu et surtout : du temps libre pour les éleveurs. Ils témoignent dans une vidéo réalisée par le Cedapa 22.

« D’ici 10 ans, plus de la moitié des agriculteurs bretons partiront à la retraite. Mais qui reprendra ces exploitations ? », questionne Morgane Coulombel du Cedapa 22. « S’il y a énormément de personnes non issues du milieu agricoles qui s’intéressent à l’agriculture, peu s’installent en lait. Et ce à cause des montants de reprise, de l’astreinte, des objectifs éthiques et environnementaux et du manque de connaissances », explique-t-elle.

Franck Le Breton et sa compagne Maud se sont installés successivement en 2012 et 2017 sur l’élevage laitier familial. Ils ont fait le choix d’orienter leur exploitation vers le tout herbe, les vêlages groupés et la monotraite partielle. Un système qui pourrait intéresser bon nombre de futurs éleveurs… Ils présentent leur ferme dans la vidéo ci-dessous :

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« Je me suis installé en 2012 derrière mes parents sur un système classique avec une dizaine d’hectares de maïs et des prairies pour 45 vaches laitières, présente Franck Le Breton. J’ai fait évolué mon exploitation vers un système de plus en plus herbager pour arriver jusqu’aux vêlages groupés de printemps. » Maud, sa conjointe, s’est installée en 2017, permettant ainsi de partager les 70 h/semaine d’astreinte sur l’élevage. « Le groupement des vêlages nous a permis de réorganiser le travail », explique-t-elle.

Le Gaec du Vert de Lait (22) en quelques chiffres :
68 ha – 100 % herbe
45 VL croisées
2 associés + 1 salarié partagé sur 3 exploitations (40 % sur la ferme)
Vêlages groupés de printemps

Des vêlages groupés de printemps et la monotraite

Les éleveurs pratiquent les vêlages groupés depuis 5 ans. Maud explique : « Chez nous, l’année débute en mars avec les premiers vêlages. On a environ 45 veaux à naître sur 6 semaines. Le travail consiste principalement à traire (matin et soir), s’occuper des veaux et gérer le pâturage. De juin jusque début juillet, c’est la saison des inséminations pour les vaches et la mise au taureau pour les génisses. C’est aussi la période des foins en juin. »

L’organisation en vêlages groupés sur le Gaec du Vert de lait (22). (©Cedapa)

« Début juillet, on passe en monotraite. Nous n’avons plus qu’à gérer le pâturage du troupeau (veaux y compris à partir de la mi-avril). Les vaches ont 40 ha accessibles près de la salle de traite. les veaux tournent sur 6 paddocks autour du bâtiment, nous permettant de continuer à leur distribuer du lait au pâturage. Pour les génisses nées l’année d’avant, elles ont elles aussi leurs paddocks, le tout représentant 18 ha pour l’ensemble des génisses. »

L’organisation du parcellaire au Gaec du Vert de lait (22). (©Cedapa)

Côté charge de travail, le pic s’étale de mars à juillet avec 70 h/semaine à se partager. Dès le lancement de la monotraite (de juillet à décembre), la charge diminue à 25 h/semaine. Au tarissement (de décembre jusqu’au premier vêlage de mars), l’astreinte représente 10 h/semaine.

Entre 100 et 110 000 € d’EBE

Dans leur système, les charges se limitent au fermage, l’électricité, le carburant (bien que minime), la main d’œuvre, les inséminations et les frais vétérinaires. « Aujourd’hui on fait un produit d’environ 165 000 € sur la ferme, avec 60 000 € de charges, ce qui nous permet d’obtenir un EBE compris entre 100 et 110 000 €. Pour faire simple, aujourd’hui, les primes Pac, et les produits viande et vente de foin nous permettent de couvrir l’ensemble des charges. La vente de lait, c’est donc notre EBE. »

Franck poursuit : « En 2019, nous avions 40 000 € d’annuités et 20 000 € en 2020. La monotraite nous fait perdre 10 000 € de produit et l’embauche du salarié nous coûte le même prix, on retrouve donc nos annuités de départ. Plutôt que d’investir dans du matériel dont on n’a pas besoin, on préfère investir dans l’humain et se dégager du temps. »

Résultats économiques du Gaec du Vert de lait (22) (©Cedapa)

« L’embauche du salarié nous a permis d’avoir davantage de week-ends libres et d’avoir toujours la même personne pour nous remplacer. On prend un week-end par mois et on part en moyenne entre 6 et 7 semaines chaque année. » Sur l’hiver, les éleveurs se disent très satisfaits d’avoir du temps pour eux-mêmes. « Cela nous permet de prendre du recul et de réfléchir à ce qu’on veut mettre en place pour l’avenir. »

À ce sujet, le couple est ouvert à d’autres projets. Maud confie : « On pourrait installer quelqu’un sur un atelier à part entière comme la transformation laitière, ou encore en arboriculture. On se rend compte que c’est un tort de se spécialiser chacun dans notre production comme on l’a fait.  »