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Dossier : Réforme de la PAC

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Le muguet des fleuristes

Un porte-bonheur au goût confiné cette année


AFP le 01/05/2020 à 10:May
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Pour la députée européenne Irène Tolleret, qui siège à la "Comagri", la réforme de la Pac sera pas applicable avant 2023 (©Pixabay)

Le 1er mai confiné n'aura finalement guère porté chance aux fleuristes : ils sont autorisés à vendre du muguet vendredi uniquement en livraison ou en retrait de commande sur leur pas de porte. Épidémie oblige.

Et ce malgré un forcing acharné pour tenter d’obtenir auprès du gouvernement une autorisation de vente directe devant leurs magasins des précieuses clochettes blanches, qui leur rapportent chaque année quelque 7 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Jeudi, veille du 1er mai, la Fédération française des artisans fleuristes y a cru : elle a publié dans l’après-midi un communiqué indiquant avoir obtenu « auprès du Premier ministre » l’autorisation de vendre le traditionnel brin porte-bonheur devant les boutiques de fleurs, fermées au public depuis le 17 mars comme la plupart des autres commerces jugés « non essentiels à la vie du pays ».

Avant de se faire désavouer dans la soirée par le gouvernement qui a publié un strict rappel à la règle : ne sont autorisés pour les fleuristes que les livraisons et les retraits de commande sur leur pas de porte. Cette précision exclut de fait une autorisation formelle de ventes directes chez les fleuristes le 1er mai.

Un porte-parole du ministère de l’agriculture a rappelé à l’AFP que les ventes de muguet seront permises « dans les commerces de première nécessité dont l’ouverture est autorisée depuis le début du confinement », comme les supermarchés, épiceries, boulangers ou bureaux de tabac.

Cette annonce faite le 21 avril par le ministre de l’agriculture, qui souhaitait soutenir la filière horticulture des producteurs de muguet, avait d’ailleurs déclenché un tollé général chez les fleuristes sur le thème : « À chacun son métier ».

« Les magasins des fleuristes sont fermés comme tous les autres magasins », a tranché Didier Guillaume interrogé sur CNews jeudi soir, « il ne peut pas y avoir de discrimination ».

350 millions d’euros de pertes

« Ce que nous avons autorisé, c’est que les fleuristes puissent livrer ou qu’on puisse retirer sa commande devant le magasin, mais en aucun cas les magasins ne peuvent être ouverts », a-t-il martelé en rappelant que « l’objectif du gouvernement » est de « gagner la bataille contre le virus ».

Dans la foulée, la Fédération des artisans fleuristes a aussi admis dans un communiqué rectificatif jeudi soir que « la possibilité pour les fleuristes de vendre sur leurs pas de portes n’a pas été accordée par le Premier Ministre », mais seulement « évoquée lors d’une réunion à Matignon ».

De fait, la situation des fleuristes et de toute la filière horticulture est assez difficile. À eux seuls, les 14 000 fleuristes français estiment qu’ils auront perdu au total près de 350 millions d’euros durant les deux mois de fermeture obligatoire du confinement. Beaucoup d’entre eux comptaient sur le 1er mai pour se refaire une petite santé financière.

Cette journée constitue la 4e journée de l’année en termes de ventes pour les fleuristes, derrière la fête des mères, Noël et la Saint-Valentin, a expliqué Florent Moreau, président de la fédération, à l’AFP.

Maigre consolation, les fleuristes ont obtenu que les ventes à la sauvette, au profit d’associations notamment, qui sont traditionnellement autorisées et qu’ils vivent comme une concurrence déloyale, soient aussi interdites cette année.

« S’ils mettent leurs tréteaux de préparation de livraison devant les magasins, c’est un peu comme si, au niveau réglementaire, ils étaient autorisés à vendre », se rassure l’un d’entre eux en espérant qu’il n’y aura pas de contrôle trop tatillon.

En temps normal, durant le week-end du 1er mai, 31 % des brins de muguet vendus en France sont achetés chez un fleuriste, 25 % en grande distribution, 11 % sur un marché, 9 % en jardinerie, 4 % sur l’exploitation et 20 % dans d’autres lieux, notamment dans la rue, selon le panéliste Kantar.

À l’Elysée, Emmanuel Macron a maintenu vendredi la traditionnelle cérémonie de remise du muguet du 1er mai, mais en petit comité.

Et le ministère de l’agriculture explique sur son site internet pourquoi il faut offrir du muguet le 1er mai : « une tradition de porte-bonheur qui remonterait à la Renaissance ».

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