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Dossier : Réforme de la PAC

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Viande bovine

Le coronavirus bouscule l'équilibre des marchés


TNC le 14/04/2020 à 08:Apr
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Pour la députée européenne Irène Tolleret, qui siège à la "Comagri", la réforme de la Pac sera pas applicable avant 2023 (©Pixabay)

Selon les dernières tendances de l’Idele, expliquées dans un webinaire le jeudi 9 avril, la perte du débouché RHD a certes relancé les achats des ménages, mais le marché français s’est réorienté vers plus de haché, et notamment surgelé. Malgré des abattages réduits, les prix des vaches laitières sont en baisse. Par ailleurs, le ralentissement des sorties en JB fait craindre un alourdissement des animaux.

Pour les femelles, des évolutions différentes en fonction de la conformation

Les cotations évoluent « à front renversé », selon les conformations. Si le cours de la vache U s’est apprécié, suivant la pente habituelle à l’approche de Pâques, celui de la vache O est en baisse. Quant aux vaches P et R, elles sont dans des « situations intermédiaires », avec des pertes assez mesurées. Pour l’Idele, « cette évolution des cours n’est pas intuitive face aux nouveaux équilibres de marchés qui sont en train de s’établir durant la crise ».

L’arrêt quasi-total de la restauration hors domicile (RHD) a conduit à une nette hausse des achats des ménages, et la demande en haché a fortement augmenté, notamment en surgelé. « En absence de toute promotion, il est probable qu’a minima les prix de vente aux consommateurs se maintiennent. »

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Mais « certains abatteurs ont désormais du mal à gérer l’équilibre matière, avec des usines de steaks hachés qui tournent à plein régime pour la GMS valorisant des avants de vaches laitières, mais aussi de races à viande et de plus en plus de JB. Mais, parallèlement, ils disent éprouver des difficultés à écouler les arrières, notamment de réformes laitières, avec l’arrêt de la RHD », explique l’Idele.

Par ailleurs, le rythme des abattages de gros bovins a progressé, mais reste bien plus faible qu’en 2019. Pour les vaches de réforme, c’est aussi bien le cas pour les laitières que pour les allaitantes.

La pandémie a également fait nettement reculer les importations, qui « représentaient en 2019 pas moins de 22 % de la consommation », d’après l’Idele. Mais elles étaient principalement dirigées vers le secteur de la RHD.

Une baisse qui s’accélère pour le Jeune bovin

Le coronavirus a mis à mal les exportations françaises vers ses principaux clients, que ce soit vers Italie, la Grèce ou Allemagne. Les difficultés à bien valoriser tous les quartiers ou muscles habituellement exportés ont conduit à une baisse saisonnière des cours des JB qui s’est accélérée, comparé aux années précédentes. Que ce soit pour le JB U, R ou O, les cotations ont évolué à la baisse.

Après les hausses qui ont été enregistrées en semaines 11 et 12, les abattages de JB sont désormais en net recul comparé à l’an passé, surtout pour le type lait. En somme, sur quatre semaines allant du 9 mars au 5 avril, les abattages de JB viande sont en baisse de 4 % et ceux de JB lait de 20 %, comparé à l’an passé.

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« Les opérateurs semblent contraints de limiter les sorties face au ralentissement de la demande sur certains marchés, à l’export mais aussi sur le marché national avec la fermeture de certaines boucheries rituelles », explique l’Idele.

Mais si le marché de l’export est en difficulté, « le marché italien, plus que d’habitude, est demandeur de jeunes bovins d’abattage en raison du report de la consommation hors domicile sur la consommation « a casa » ». Sur les quatre semaines du 8 mars au 4 avril, les exportations de bovins d’abattage sont en hausse de 21 % par rapport à la même période en 2019.

Une demande italienne qui reste forte pour les gros bovins maigres

Les cours des gros bovins maigres parviennent à se maintenir en semaine 14, mais les prix restent inférieurs à 2018 et 2019, soutenus notamment par des disponibilités particulièrement réduites en Charolais, à cause notamment de la baisse des naissances en 2019. « La modélisation Modemo nous indique à partir des stocks en ferme un recul de la disponibilité des broutards mâles et femelles de race charolaise de 7 % en avril d’une année sur l’autre, et de 3 % en race limousine. »

Si la demande italienne en broutards reste ferme, la demande espagnole est en recul. « Les opérateurs surmontent les difficultés logistiques induites par la pandémie, aidés par l’activité réduite de la saison », souligne l’Idele.

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Concernant les exports vers pays tiers, ils continuent de ralentir. Sur le marché algérien, les difficultés se multiplient du fait du confinement, avec notamment une incertitude sur la réglementation en France qui décourage les mises en quarantaine d’animaux. Mais la chute des prix des hydrocarbures a également affecté les finances des importateurs. « Certains opérateurs éprouvent des difficultés à obtenir des assurances-crédit, tandis que la banque d’Algérie cherche des solutions à la situation », précise l’Idele. Quant aux envois vers la Tunisie, ils sont toujours à l’arrêt.

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