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Dossier : Réforme de la PAC

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Reportage

Le confinement fait les beaux jours de la vente à la ferme


AFP le 27/03/2020 à 10:Mar
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Pour la députée européenne Irène Tolleret, qui siège à la "Comagri", la réforme de la Pac sera pas applicable avant 2023 (©Pixabay)

« On a doublé nos commandes » : à la bien nommée « Ferme des cochons heureux », le téléphone « n'arrête pas de sonner ». Harold Turgis, éleveurs de porcs à Saint-Quintin-sur-Sioule (Puy-de-Dôme), a vu ses ventes aux particuliers grimper depuis le confinement.

La peur d’être contaminé et d’avoir à affronter la cohue au supermarché semblent avoir joué en faveur des éleveurs et maraîchers pratiquant la vente directe que l’AFP a interrogés.

Au prix parfois d’un peu d’adaptation : « Nous vendions beaucoup dans les foires et les salons mais, quand ils ont été annulés les uns après les autres, on s’est dit qu’il fallait tout changer », explique Harold Turgis. Quelques jours avant le confinement, l’éleveur a mis en place un système de livraison pour les particuliers, avec mesures d’hygiène renforcées, en les informant sur Facebook. « Les commandes se font par téléphone ou internet. On donne le montant à l’avance ; on laisse les colis à l’extérieur des maisons et on n’accepte plus les espèces. Ça marche très bien et on a gagné de nouveaux clients », assure-t-il.

À Godewaersvelde (Nord), Éric Kiecken, gérant d’un « café-boucherie-charcuterie », a entièrement réorganisé son commerce, transformant « l’espace café » en magasin de producteurs locaux. « Les gens sont ravis de tout trouver chez nous, en restant dans leur village et en respectant les règles du confinement. On a clairement une augmentation de la demande », affirme le boucher. « Avec ce confinement, les gens redécouvrent un peu les commerçants de proximité », selon lui.

La ferme Batisse à Vitrac (Puy-de-Dôme), qui produit des yaourts laitiers a carrément installé une vitrine réfrigérée à l’extérieur de ses locaux samedi, jour de vente : « nous avions délimité des espaces d’un mètre dans la file d’attente, et les gens qui arrivaient ne croisaient pas ceux qui repartaient », décrit Jennifer Izabel, l’une des associées. « Les petites structures rassurent les gens qui préfèrent éviter les grands magasins », selon elle.

Changement d’habitude ? 

À quelques kilomètres, David Fernandes, qui cultive des fruits et légumes à Volvic (Puy-de-Dôme), a vu ses commandes augmenter de 20 % à 30 %.

Avec son épouse qui l’aide à préparer des paniers à composer, il explique avoir « beaucoup plus de travail » depuis la mise en place des mesures de confinement, entre la préparation et les livraisons quasi quotidiennes. « Nous avons gagné entre 10 à 15 % de nouveaux clients », estime-t-il.

Plus de travail aussi pour Xavier d’Hondt et sa famille, à Linselles (Nord) : « L’activité a doublé en une semaine. Les clients habituels prennent en plus grosse quantité afin de faire des provisions, et quelques nouveaux clients font leur apparition». L’exploitant et son épouse ont dû augmenter leur temps de travail et leurs deux filles « jonglent entre les cours et la ferme » pour « aider à transformer et vendre la production ».

Après l’affluence de la première semaine de confinement, la situation est redevenue normale chez Damien Raynaud, à Saint-Georges-de-Mons (Puy-de-Dôme), éleveur bio qui vend des colis de viande de porc et de bœuf : « Les gens appelaient parfois jusqu’à 21 h, ils ont beaucoup stocké », selon lui.

À « l’ACI La Ferme », exploitation maraîchère et chantier d’insertion de Wavrin (Nord) qui vend fruits, légumes et œufs, « en une journée, on a écoulé un stock d’une semaine », assure Fanny Heyndrickx, membre de l’équipe encadrante. Depuis « ça s’est calmé mais il y a encore du monde. On n’a jamais vendu autant de pommes de terre ! », sourit-elle.

« Un petit magasin avec peu de clients, peu d’employés, c’est rassurant », juge-t-elle, espérant que le confinement puisse « changer un peu les habitudes des gens, qui sont en train de découvrir ce qui existe près de chez eux ».

Xavier Colette, producteur de fruits et légumes qui gère un magasin de vente directe à Seclin (Nord), a vu « déferler une vague de nouveaux clients le week-end précédant le confinement, qui s’est calmée depuis ». Mais pour lui, « il est beaucoup trop tôt pour dire si tout ça va modifier les habitudes des gens sur le long terme ».

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