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Dossier : Réforme de la PAC

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Conjoncture laitière

Jusqu'à - 30 €/1 000 l sur le prix de base en cette période de crise


TNC le 21/04/2020 à 08:Apr
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Pour la députée européenne Irène Tolleret, qui siège à la "Comagri", la réforme de la Pac sera pas applicable avant 2023 (©Pixabay)

La filière laitière française, comme dans la majorité des pays confinés, doit faire face à de profonds bouleversements sur ses débouchés habituels. Un report de consommation se fait de la RHD vers la grande distribution, mais la demande ralentit fortement, selon l’Idele. Face à la dégradation de la conjoncture, des mesures de réduction de la collecte s'avèrent indispensables.

En plus d’être inquiets quant au prix du lait, beaucoup d’éleveurs ne comprennent pas pourquoi on leur demande réduire leur production alors que les ventes en GMS explosent.

Effectivement, les ventes de produits laitiers dans la grande distribution (hypermarchés, supermarchés, proximité et e-commerce) ont été boostées par l’arrêt quasi-total de la restauration hors-domicile (RHD). Les achats sont même supérieurs au report de consommation depuis la RHD, à l’exception des produits ultra-frais. En cause : la constitution de stocks de précaution par les ménages. Mais les consommateurs continuent de privilégier les produits laitiers basiques et stockables, et délaissent les produits plus hauts de gamme.

Les ventes de fromage dans les rayons libre-service progressent nettement, tandis que les rayons à la coupe et les circuits traditionnels (crèmeries, halles, marchés) ont subi des chutes d’activité depuis la mise en place du confinement. « Les fromages frais les plus fragiles, les fromages affinés, comme les fromages de garde AOP ont été délaissés. Le climat anxiogène a incité les ménages à privilégier les fromages râpés et les fromages tranchés et emballés sous vide et les fromages fondus », d’après l’Idele.

Lire aussi : Le ralentissement des exportations met à mal la filière laitière

Pour autant, les exports ont nettement chuté, les ventes à la RHD se sont effondrées (- 80 à – 85 % selon certains transformateurs), et l’activité des industries agroalimentaires est  ralentie (- 25 % pour les ventes selon certains transformateurs). L’impact de la perte de débouchés sur les laiteries est plus ou moins fort, selon leur mix-produit et la diversité de leurs débouchés.

Une baisse de collecte indispensable

Globalement, tous les acteurs s’accordent pour dire qu’une diminution de la production est indispensable et « toutes les laiteries demandent à leurs livreurs de modérer leurs livraisons printanières ». Certains groupes laitiers utilisent des mesures incitatives, dont les modalités diffèrent selon les laiteries. 

Par exemple, « Eurial, Savencia, Sodiaal appliquent un malus ou pénalité sur le prix du lait payé au printemps pour modérer la collecte printanière, compensé dans certains cas d’un bonus sur le prix payé en été pour encourager la production lors du creux saisonnier ». D’autres ont recours à des décisions plus contraignantes, notamment dans les bassins AOP. 

Certaines laiteries ont même cessé de collecter les volumes excédentaires, tandis que d’autres se basent sur le volontariat. À l’inverse, d’autres laiteries ne demandent pas de baisse car leurs débouchés ne sont pas les mêmes.

Las laiteries ayant une variété de produits et de débouchés, leur permettant de supporter les chocs et de s’adapter, sont les mieux armés pour supporter la crise. (©Idele)

Baisse prononcée du prix du lait au printemps

« À 355 € les 1 000 l au 1er trimestre (+ 2 %/2019), le prix du lait standard (SIQO compris) était robuste cet hiver », affirme l’Idele. Mais en fonction des différentes dispositions qui ont été mises en place, le prix du lait en France risque de subir une « baisse prononcée ».

L’Idele cite le cas de l’Union Laitière de la Meuse (ULM), qui « impose une réduction collective de 5 % de la collecte d’avril et mai à tous ses adhérents plus une baisse supplémentaire de 2,5 % pour ceux en dépassement sur la collecte de mars de plus de 10 % /2019, et une baisse de 5 % pour ceux en dépassement de plus de 20 % toujours sur celle de mars (soit une baisse de – 12,5 % dans ce cas). La coopérative a décidé d’acheter les volumes excédentaires au prix symbolique de 1 €/1 000 litres. »

Face à ces dispositions, le prix du lait payé par ces laiteries au printemps « s’infléchira plus ou moins nettement de – 15 à – 30 € les 1 000 l par rapport au prix de base versé au printemps 2019 ».

« Pour les autres laiteries, il sera au plus égal au niveau du printemps 2019. En somme, le prix du lait standard (moyenne nationale toutes qualités confondues) se situera probablement à mi-chemin entre 2018 et 2019. »

Avec des baisses de 20 à 30 € les 1 000 l au 2e trimestre 2020 comparé au 1er, le prix du lait conventionnel devrait se situer entre 315 et 335 € les 1 000 l au printemps selon les laiteries. (©Idele)

Les produits bio ont la côte  

Pour le moment, le bio est le seul à sortir son épingle du jeu. « Depuis le début du confinement, les produits biologiques conservent leur attrait et connaissent des croissances particulièrement prononcées dans les différents circuits de vente auprès des ménages », souligne l’Idele.

Alors que les produits laitiers représentent environ 12 % des achats de produits alimentaires biologiques par les ménages, ils « ont plutôt bénéficié du confinement et du retour des consommateurs aux produits basiques tels que les laits liquides, le beurre ou la crème ». Des produits qui « pèsent pour une part importante du mix-produit de la filière lait bio, une filière qui est par ailleurs peu dépendante des exportations et n’est donc pas soumise à la même pression que la filière lait conventionnelle ».

Malgré cela, compte tenu de « l’afflux de lait des deux dernières années (le milliard de litres sur 12 mois glissants a été atteint courant mars soit + 67% en trois ans), la régulation des volumes apparaît comme inévitable pour les principaux collecteurs afin de limiter le déclassement de lait ».

Lire aussi : Partout dans le monde, des éleveurs doivent se résoudre à jeter leur lait

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