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Dossier : Neutralité carbone

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Démarche bas carbone

Dialecte, un outil de diagnostic environnemental en agriculture bio


TNC le 04/12/2019 à 10:Dec
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« Sans gestion, les haies vieillissent et se dégradent, c’est pourquoi il faut adopter une gestion dynamique et durable de la haie », selon le projet Carbocage.  (©Ferme expérimentale de Thorigné d’Anjou)

Dans une démarche de progrès face aux enjeux énergie/climat, les agriculteurs bio évaluent l’empreinte environnementale de leur structure. Dialecte permet cette approche en tenant compte de la mixité des exploitations.

Comme dans tous les systèmes de production, les producteurs de lait bio ont à cœur de limiter les impacts de leur exploitation sur le climat. « En termes d’émissions de gaz à effet de serre, l’agriculture bio a un cran d’avance, du fait de l’absence d’intrants de synthèse, des systèmes très herbagers, plus diversifiés, plus résilients, estime Laura Toulet, coordinatrice du pôle développement de la production à Agrobio 35. Mais cet atout de l’agriculture biologique pour préserver l’environnement, il faut le prouver et continuer à l’améliorer ».

La première étape est d’évaluer l’impact de son exploitation. Pour cela, il existe différents outils de diagnostics environnementaux comme Self CO2 ou Cap2ER, mis au point par l’Institut de l’Élevage, ou Dialecte, élaboré par l’association Solagro.

« Self CO2 et Cap2ER sont très axés sur l’atelier lait et ne tiennent pas bien compte de la mixité des exploitations, très présente en bio, souligne Laura Toulet. Avec Dialecte, nous avons une approche globale de l’exploitation, pouvant aller jusqu’à la transformation ».

Un logiciel libre d’accès

Au travers de 40 indicateurs, Dialecte évalue l’ensemble des impacts environnementaux d’une exploitation, pas uniquement sur le climat, mais aussi sur les sols, la biodiversité ou encore la qualité des eaux, sa gestion des intrants. Le tout est synthétisé en une note sur 100 qui permet de situer son exploitation par rapport à des moyennes de groupes. Ce système par note, et non ramené au litre de lait produit, est utilisable dans tous les systèmes de production.

Le logiciel Dialecte est libre d’accès, « mais il est préférable de se faire accompagner par un technicien, conseille Laura Toulet. Car, non seulement, ce n’est pas toujours facile de savoir quelles données prendre mais c’est aussi l’occasion d’avoir un regard extérieur sur ses pratiques ».

À l’issue de la phase d’analyse, sont proposées des pistes pour limiter les impacts. En élevage laitier, les émissions de gaz à effet de serre proviennent essentiellement des fermentations entériques des bovins. Pour les réduire, le premier levier est de limiter le nombre d’animaux improductifs en abaissant le taux de renouvellement et l’âge au premier vêlage et en améliorant la longévité des vaches. Pour limiter les intrants et les besoins en stockage, il est recommandé de maximiser le pâturage et l’autonomie alimentaire (implantation de légumineuses ou de cultures intermédiaires à forte valeur protéique). Pour maximiser le stockage du carbone, les prairies doivent rester en place au moins cinq ans.

Retrouvez le reportage réalisé chez Jean-Marc Burette, éleveur conventionnel dans le Pas-de-Calais : « Moins d’émissions de GES, plus de revenu »

En chiffres

Les systèmes laitiers bio ont une empreinte carbone généralement plus légère que les exploitations utilisant beaucoup de maïs. Par exemple, la ferme de Gabriel Lissilour, à Pleumeur Bodou (22), qui a accueilli la journée « bio et climat » mardi 5 novembre 2019, produit 346 000 litres sur 70 ha. Son empreinte carbone est à 0,73 kg équivalent CO2/litre de lait, quand la moyenne des fermes bretonnes avec, comme lui, moins de 20 % de maïs dans leur SFP est à 0,75. Pour les fermes avec plus de 40 % de maïs, la moyenne est à 0,87 kg équivalent CO2/litre de lait. Les fermes bio se distinguent souvent par leur bon stockage de carbone, du fait de la présence importante de prairies, ce qui allège leur empreinte totale.

À savoir : Les éleveurs vont pouvoir être rémunérés pour leurs efforts contre le changement climatique en vendant des crédits carbone à des grandes entreprises et des collectivités.

Dans les Pays de la Loire, l’institut de l’élevage et les chambres ont analysé, via Cap2ER, les émissions d’élevages laitiers. La moyenne est de 0,92 kg éq.CO2/litre de lait en système bio et 0,95 en conventionnel. Les élevages bio compensent 18 % de leurs émissions par le stockage du carbone, ce qui permet de réduire leur empreinte carbone à 0,75 kg éq.CO2/ litre de lait contre 0,88 en conventionnel.

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