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[Covid-19] « Paroles d'éleveurs »

Peu d'impact sur le travail en bovins viande mais avec quelques adaptations


TNC le 29/04/2020 à 14:Apr

(©GettyImages)

Comment les éleveurs vivent-ils au quotidien la crise sanitaire et économique du coronavirus ? Ont-ils modifié leur façon de travailler depuis le développement de la pandémie ? Pour partager les ressentis du terrain et les pratiques mises en place, l'Idele donne "La parole aux agriculteurs" en relayant, sur son site web, des enquêtes téléphoniques régionales menées notamment par Inosys-Réseaux d'élevage et les chambres d'agriculture. Premiers résultats dans le Limousin au sein d'exploitations spécialisées en bovins viande.

Face aux répercussions importantes de la pandémie de covid-19 sur l’agriculture et notamment l’élevage, l’Idele a voulu savoir comment les éleveurs de bovins lait et viande adaptent leur quotidien et leurs pratiques sur l’exploitation, en particulier en termes d’organisation du travail. Mais également comment ils vivent cette crise sanitaire et économique sur un plan plus psychologique et quels sont leurs besoins en cette période inédite.

Pour en savoir plus, l’institut a lancé l’opération « La parole aux agriculteurs » en collaboration avec le dispositif de fermes de référence Inosys-Réseaux d’élevage et d’autres organismes du secteur agricole tels que les chambres d’agriculture. Cette action consiste à diffuser, sur son site internet, les résultats d’enquêtes de terrain réalisées par téléphone courant avril (sous forme d’entretiens libres autour de plusieurs thématiques ou de questions ouvertes) dans plusieurs régions françaises, plus ou moins touchées par le virus.

Pas plus de travail que d’habitude

En production allaitante, celle menée par Inosys-Réseaux d’élevage bovin viande du bassin limousin est d’ores-et-déjà disponible. Selon la dizaine de producteurs interrogés, le coronavirus « n’a finalement pas trop d’impact sur le travail » au sein de l’élevage. Au début du confinement de la majorité de la population française, ces derniers préparaient la mise à l’herbe de leurs bêtes, une période aussi chargée cette année que d’habitude.

En plus de l’alimentation, de la surveillance et des soins à prodiguer comme chaque jour aux animaux, ils les ont allotés avant de sortir progressivement les différents lots dans les pâtures. Auparavant, il a fallu « vérifier et entretenir les clôtures », mais les exploitants enquêtés ne semblent pas avoir eu de mal à s’approvisionner en fils barbelés comme certains de leur collègues bretons, producteurs de lait.

Fauche et ensilage d’herbe : « moins de convivialité »…

Les semis de printemps, comme la fauche et l’ensilage d’herbe, ont également débuté du fait d’une météo chaude et sèche dans la région. Des chantiers, que la situation « facilite » sur le plan logistique car les exploitants « ont moins à se soucier des automobilistes sur la route ». À l’instar de leurs homologues laitiers en Bretagne et dans le Grand Est, les éleveurs allaitants du Limousin regrettent cependant la convivialité d’avant covid-19. Des repas pris chacun dans son tracteur, « c’est forcément moins convivial », font-ils remarquer. Toutefois « l’entraide reste la priorité », nuancent-ils ensuite. 

« Les salariés continuent de travailler » en se protégeant

Voir également : Salariés en élevage − Bien les accueillir, c’est partir du bon pied !

Concernant la main-d’oeuvre sur l’exploitation, les producteurs consultés « n’ont pas eu à gérer de problème particulier », indiquent les conseillers en élevage. « Les salariés continuent de venir travailler. » Pour se protéger mutuellement, employeurs et employés respectent les gestes barrières et les mesures de distanciation sociale recommandés. « Le repas, c’est chacun dans son coin ! », insiste l’un des exploitants limousins.

Des producteurs « plus efficaces » et plus présents sur leur ferme.

Question organisation du travail en élevage, le confinement permet d’être plus présent sur la ferme et de lui consacrer davantage de temps. Plusieurs éleveurs s’estiment même plus « efficaces ». Un constat lié à l’annulation de toutes les réunions extérieures, d’autant plus vrai lorsqu’on a des responsabilités professionnelles. Certains apprécient également d’être « moins dérangés par le passage des techniciens ou commerciaux ».

Nouveaux process aussi avec les partenaires

Le revers de la médaille : tout éleveur a besoin un jour ou l’autre de ces partenaires. Pour les soins vétérinaires, peu de soucis. « Les vétos se déplacent généralement pour les interventions urgentes. » Une bonne chose car « avec la fin des vêlages de printemps, un gros problème est toujours possible », soulignent les producteurs. Pour les « petits bobos du quotidien », un coup de fil et un diagnostic à distance suffisent souvent. D’autres services, comme Bovins Croissance, d’abord suspendus, redémarrent en mettant en œuvre toutes les précautions nécessaires.

Au niveau du matériel, les producteurs se plaignent de quelques difficultés pour obtenir des pièces de rechange en raison de la fermeture de plusieurs usines et concessions et s’inquiètent pour les engins de fenaison. De plus, ils ont dû s’habituer aux nouveaux process pour l’approvisionnement en intrants. Certes des « drive » ont été aménagés pour qu’ils viennent chercher les produits commandés au préalable par téléphone, sans avoir à pénétrer sur le site, mais « il faut davantage anticiper », constatent-ils, d’autant que les délais de livraison sont un peu plus longs.

Quant aux démarches administratives, les mails et internet fonctionnent pour l’instant plutôt bien. Néanmoins, les exploitants interrogés sont moins confiants vis-à-vis des déclarations Pac et « appréhendent un engorgement des rendez-vous et l’impossibilité de respecter les échéances ». Qu’ils se rassurent, les chambres d’agriculture procéderont soit par téléphone et soit par rendez-vous physique dans leurs bureaux, avec « gel hydro-alcoolique et masques à disposition, le respect des distances de sécurité voire des séparations en plexiglass », expliquent les conseillers ayant réalisé l’étude.

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