Accéder au contenu principal
Récoltes 2020

Du champ au silo : toute une moisson de gestes barrières contre le Covid-19


TNC le 26/06/2020 à 11:Jun

(©GettyImages)

Si les agriculteurs ont travaillé pendant le confinement lié au coronavirus, dans les champs et les fermes, les risques ont sans doute été plus modérés et les gestes barrières plus simples à appliquer que dans d'autres métiers ou entreprises. Entraînant inévitablement un brassage de machines, grains et personnes, la moisson, qui commence un peu partout en France, apparaît comme une période plus critique. Pour éviter des contaminations, les mesures de prévention sont essentielles alors même qu'elles peuvent être difficiles à respecter à la lettre dans l'effervescence des récoltes.

Si la moisson a débuté tranquillement depuis fin mai-début juin dans certains secteurs, elle commence ces jours-ci dans de nombreuses autres régions et va monter en puissance. Chaque année, plus de 250 000 agriculteurs se retrouvent dans les champs, avec leurs salariés, famille, amis, saisonniers. Et tout ce monde défile pour décharger les bennes au niveau des organismes stockeurs (OS) qui, eux-mêmes, embauchent du personnel supplémentaire pour l’occasion. Dans les parcelles et davantage encore au silo, beaucoup de matériels, de marchandises et de gens se concentrent et se mélangent, sur une période somme toute relativement courte. 

Lire aussi : Témoignages d’agriculteurs − Quelles tendances pour cette moisson 2020 ?

L’ambiance est conviviale : on se serre la main, on s’embrasse, on discute, on casse-croûte ensemble. Souvent trépidante aussi. Vite, il faut le résultat de l’échantillon pour savoir si on peut battre ; vite, il faut finir la parcelle avant la pluie, etc. Alors on s’impatiente dans la queue ou on s’énerve parce que le rendement ou la qualité n’est pas là. La moisson, c’est ça, depuis des années mais en 2020… le Covid-19 bouscule ces rituels bien établis, comme il l’a fait pour tant d’autres.

Éviter les mises en quarantaine et fermetures de silos

Car il importe évidemment d’éviter toute transmission du virus : l’apparition d’un cas, et a fortiori d’un cluster, risquerait d’entraîner la mise en quarantaine d’agriculteurs et de salariés d’OS, voire la fermeture de silos de réception, ce qui entraverait le déroulement de la moisson. Certes l’épidémie est sous contrôle en France, mais le coronavirus circule toujours. Alors, pour prévenir les risques, les fédérations de coopératives et de négoces recommandent, aux structures adhérentes et aux agriculteurs, de prendre un certain nombre de précautions.

Voir également : Moisson 2020 − Le site moissonneuse.fr en pause pour le moment

Mi-mai, elles ont établi un protocole sanitaire spécifique pour la moisson en évaluant, avec certaines entreprises de leur réseau, les risques à chaque poste. Il s’agit de préconisations s’inspirant de celles du ministère du travail, non d’obligations, et toutes ne sont pas forcément reprises par chaque organisme stockeur. Sachant que ces derniers pourraient choisir la prudence, craignant que leur responsabilité soit engagée en cas de problème. Ces recommandations peuvent aussi évoluer en fonction des annonces gouvernementales.

#Moisson2020 #Covid-19, adoptez les bons gestes : les mesures sanitaires au sein des organismes stockeurs pour la moisson expliquées, dans une vidéo Youtube, par la coopérative Agora au silo de Ressons-sur-Matz (Oise) :

Pour afficher cette vidéo, veuillez accepter les cookies Youtube en cliquant ici

Stationnement et mouvement des tracteurs, file d’attente, échantillonnage, pesée, vidange des bennes, remise des bons d’apport et de livraison : pour ne pas être surpris au premier échantillon, ni à la livraison de la première benne, découvrez la marche à suivre dans la plupart des OS, étape par étape. Même si tous ont informé au préalable leurs adhérents de ces mesures, dans les traditionnels livret ou note moisson qu’ils leur envoient, un petit rappel peut s’avérer utile. 

Un protocole sanitaire spécifique pour la moisson. 

1- Avant de se rendre au silo : prévoir dans le tracteur

  • un masque (port conseillé)
  • du gel hydroalcoolique ou de l’eau et du savon
  • des essuies-mains à usage unique
  • des stylos (signature des bons d’apport et de livraison)

2- Arrivé au silo, consulter et respecter les affichages

(©TNC)
  • Le plan de circulation des ensembles tracteur-benne sur le site.
  • Le balisage mis en place.
  • Les consignes à respecter vis-à-vis des locaux et des salariés :

– entrée à éviter dans les bureaux

(©TNC)

Certains OS interdisent l’accès aux agriculteurs, d’autres non mais ils ont installé des repères sur le sol pour faciliter le respect de la distanciation physique d’un mètre, voire ont entouré les postes de travail de plexiglas, s’ils ne l’avaient pas déjà fait pour protéger leurs salariés, trop proches les uns des autres sinon. Si un agriculteur est déjà à l’intérieur, patienter dehors jusqu’à ce qu’il sorte. Si la porte n’est pas déjà ouverte, attendre son ouverture par un employé, puis se désinfecter les mains avec du gel hydroalcoolique mis à disposition.

À consulter : Covid-19 et activités agricoles − Les bonnes pratiques pour limiter le risque de transmission

– distance d’un mètre minimum entre personne

– port du masque recommandé

– pas de serrage de main, ni d’embrassade 

(©TNC)

– règles pour descendre du tracteur

– procédure pour donner un échantillon, échanger les bons d’apport et de livraison…

(Plus de détails plus bas)

(©TNC)

« Ces affichages visent à faire appliquer les mesures barrières à l’ensemble des personnes présentes, agriculteurs et salariés des organismes stockeurs, de façon incitative plutôt que contraignante afin de ne pas ralentir l’activité », insiste La coopération agricole dans ses préconisations. 

3- Dans la file d’attente : rester dans le tracteur

Dans la queue pour apporter un échantillon ou peser une benne, il est conseillé de rester dans le tracteur et d’attendre les consignes du personnel du silo.

4- Pour les échantillons et la pesée : garder ses distances

L’agriculteur doit verser les grains à analyser dans le récipient prévu à cet effet au silo. (©TNC)
  • Si vous êtes accompagné, il est préférable qu’une seule personne descende du tracteur.
  • Se laver ou se désinfecter les mains au préalable.
  • Veiller à ne pas avoir de contacts physiques et à se tenir à 1 m des autres agriculteurs et du personnel. 
  • Pour l’échantillonnage uniquement : verser les grains à analyser dans le récipient prévu à cet effet au silo pour qu’il n’y ait pas d’échange de contenants entre l’agriculteur et l’OS. Bien sûr, une désinfection est réalisée entre chaque usage.
  • Rester à l’extérieur du bureau en attendant les résultats, donnés oralement

Objectif : aucun échange de contenants entre l’agriculteur et l’OS. (©TNC)

5- Pour décharger une benne : aller vers la fosse spécifiée par le personnel du silo

6- Pour échanger les bons d’apport et de livraison : limiter les contacts

Le passage des papiers peut se faire par une boîte aux lettres ou une fenêtre, en gardant ses distances, avec un système de pose/dépose, de corbeilles…  (©TNC)
  • Agriculteur et personnel du silo ont leur propre stylo.
  • Le passage des papiers peut se faire par une boîte aux lettres ou une fenêtre, en gardant ses distances, avec un système de pose/dépose, de corbeilles… 
  • Se laver et se désinfecter les mains avant et après échange des documents.

Pour limiter les contacts à cette étape, plusieurs OS pratiquent ou ont adopté cette année la dématérialisation des bons d’apport et de livraison par téléchargement internet, mail, SMS, etc. Leur validation peut également se faire sous cette forme.

Remarque : pour que les agriculteurs puissent, si besoin, communiquer à l’oral avec le personnel du silo au moment de l’analyse d’échantillon, de la pesée ou de l’échange des bons d’apport et de livraison, certains organismes stockeurs ont installé un interphone.

Ces consignes peuvent paraître rébarbatives. Mais pour que le bon déroulement de la moisson, il importe de les respecter !

Au champ, c’est plus simple

Certes toutes ces consignes peuvent paraître rébarbatives et rendront la moisson moins conviviale, certains les trouveront même peut-être excessives mais il est important qu’agriculteurs et salariés des coops et négoces les respectent tout au long de la chaîne de collecte parce qu’il n’est pas toujours facile de réguler le nombre de personnes présentes dans un silo en pleine récolte !

Pour cette dernière en revanche, au champ, c’est plus simple, il suffit de rester à distance des personnes extérieures au cercle familial, même pendant les repas, de ne pas monter dans le même tracteur et de désinfecter les engins avant qu’ils ne changent de main. Enfin, au champ comme au silo, l’attention portée au Covid-19 ne doit pas réduire la vigilance accordée aux autres risques également prégnants à la moisson : accident avec le matériel, poussière…

Les articles du dossier