Vignerons et maisons de champagne vont financer l’adaptation de leur vignoble

Vignerons et maisons de champagne vont mettre la main à la poche pour financer l'adaptation de leur vignoble au changement climatique, en augmentant de 50 % la contribution au budget annuel de leur interprofession d'ici 2027, a-t-elle annoncé mardi.

Le budget annuel du Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC), ou Comité Champagne, augmentera progressivement et passera de 20 millions d’euros actuellement à 30 millions d’euros d’ici cinq ans. L’objectif de cette hausse est « d’assurer la pérennité du vignoble, de renforcer son attractivité », et de le rendre plus résistant face au changement climatique, « qui impacte de manière significative les rendements », a expliqué son directeur Charles Goemaere, lors d’une conférence de presse organisée au salon Wine Paris & Vinexpo.

Cette annonce intervient dans un moment prospère pour le vignoble champenois, qui a vu ses ventes dépasser pour la première fois en 2022 la barre symbolique des six milliards d’euros. 326 millions de bouteilles ont été vendues, soit « le plus haut volume depuis 15 ans », a souligné Maxime Toubart, président du syndicat général des vignerons et coprésident de l’interprofession.

Cet investissement permettra de renforcer les moyens alloués par le CIVC à la recherche et à l’innovation. D’ici 2025, il se dotera d’un nouveau centre avec une plus grande capacité et « des équipements de pointe ». Cela lui permettra de travailler sur les maladies de la vigne, et notamment la flavescence dorée, une jaunisse incurable. « Si on ne fait rien, elle deviendra la phylloxéra du XXIe siècle », a prévenu M. Toubart, en référence au puceron qui avait décimé la quasi-totalité du vignoble français fin XIXe siècle.

L’innovation permettra aussi aux viticulteurs de travailler sur de nouveaux cépages résistants au changement climatique, « avec une typicité particulière, qui pourront demain être plantés en Champagne », selon M. Goemaere.

Le CIVC prévoit aussi de recruter 30 salariés sur la période, portant son effectif total à 150 employés. Chaque année, vignerons, coopératives et maisons de champagne versent une contribution obligatoire à l’interprofession, calculée sur le nombre de kilos de raisin récoltés ou de bouteilles vendues. Maxime Toubart s’est félicité que les Champenois lui allouent ces « moyens très significatifs ». Cette hausse, cependant, ne représentera « qu’un montant modéré pour chaque opérateur », a précisé M. Goemaere à l’AFP. La filière, qui dit avoir diminué de 20 % son empreinte carbone par bouteille depuis 2003, souhaite toujours atteindre son objectif de 100 % des surfaces certifiées « viticulture durable » d’ici 2030.