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Bilan météorologique

Un mois d’octobre très contrasté, année en cours de record de chaleur


TNC le 09/11/2018 à 11:14
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Malgré une deuxième décade exceptionnellement chaude, octobre 2018 ne se démarque pas particulièrement du point de vue thermique. Les précipitations et l'ensoleillement ont par ailleurs été « montés à l'envers » d'un point de vue géographique. Frédéric Decker, de MeteoNews, fait le point sur ce mois d'octobre tout en contrastes.

Le thermomètre a joué au yoyo au cours de ce deuxième mois d’automne sur la France. Après une première décade proche des normales ou un peu plus douce qu’habituellement selon les régions, une chaleur hors-norme, exceptionnelle, s’est abattue sur le pays en milieu de mois avec sept jours de chaleur à Paris notamment. Ce chiffre se situe en deuxième position du plus grand nombre de jours avec 25 degrés et plus, derrière les neuf jours d’octobre 1921.

Si la « vague de chaleur » d’octobre 2018 reste en deçà de celle d’octobre 1921, elle est tout de même remarquable par sa tardiveté et sa durée. Mais la troisième décade et surtout les cinq derniers jours du mois ont nettement tiré la moyenne mensuelle vers le bas. Si le mois reste doux avec une moyenne nationale de 14,1 degrés pour une normale de 13,4 degrés (+ 0,7 degré d’écart), il est relégué à la dixième position des mois d’octobre les plus chauds, très loin derrière 2001, 2005, 2006, 2014, 2015 et autres, et au même niveau que les mois d’octobre 1989 et 1990.

Température moyenne nationale en octobre en France (©MeteoNews)

C’est en dehors de la « vague de chaleur » que le maximum national a été atteint avec 30,3 degrés à Dax (Landes) le 5. Le pic de froid mensuel a été mesuré le 28 à Romorantin (Loir-et-Cher) avec – 4,1 degrés. Aucun record battu dans un sens ou dans l’autre, hormis quelques maximums bas dans le Sud-Ouest et en Bretagne en toute fin de mois : 5,6 degrés par exemple le 28 à Toulouse (Haute-Garonne), battant les 5,8 degrés du 24 octobre 1951.

Sur les 10 premiers mois de l’année 2018, la moyenne nationale s’établit à 14,43 degrés, record battant d’une courte tête les 14,36 degrés de la même période en 2014.

Sécheresse et pluies records

Un mois très contrasté aussi en termes de précipitations. Car si la sécheresse a perduré sur une grande partie du pays, et plus particulièrement des Pays de la Loire aux frontières du nord-est, les régions méditerranéennes ont, au contraire, connu des excès de pluie remarquables à exceptionnels.

Côté sécheresse, Nancy détient la palme avec seulement 7,4 mm de pluie dans le mois. Côté pluie, le Mont Aigoual a comptabilisé 554,9 mm de précipitations, suivi de peu par Le Luc-en-Provence et ses 552,5 mm d’eau, un record !

De nombreuses inondations ont frappé la Corse, le Var, la basse vallée du Rhône, l’Hérault et surtout l’Aude où les niveaux d’eau ont parfois battu les records du terrible épisode de pluie diluvienne et de crues de novembre 1999. En moyenne nationale, la France a tout de même reçu 87 mm de pluie pour une normale de 85 mm, chiffre largement gonflé par les données méditerranéennes.

Ensoleillement à l’envers

Le soleil a été paresseux sur les régions méridionales, très généreux en revanche au nord de la Loire. On retrouve donc des durées mensuelles d’ensoleillement plus importantes au nord qu’au sud ! Avec par exemple 144 heures à Toulouse (Haute-Garonne) contre 158 heures à Abbeville (Somme) ; 161 heures à Perpignan (Pyrénées-Orientales) contre 174 heures à Rennes (Ille-et-Vilaine)…

La moyenne nationale est élevée : 169 heures pour une normale de 136 heures. Une heure de plus qu’octobre 2017. Un chiffre tout de même dépassé 14 fois entre 1957 et 2011 depuis 1946. C’est à Dax que le soleil a le moins brillé en France avec 128,6 heures de présence seulement. Et c’est tout de même Ajaccio (Corse) qui détient le maximum national avec 195,5 heures, suivie de peu par La Rochelle (Charente-Maritime) et 192,8 heures.

Phénomènes… d’hiver

Les phénomènes divers furent surtout d’hiver. En dehors de quelques orages tardifs le 11 au soir en pleine « vague de chaleur » et des épisodes méditerranéens habituels à cette période de l’année, les intempéries se sont emballées en toute fin de mois, lorsqu’une masse d’air froid polaire a déboulé jusqu’en Méditerranée. En ont découlé une tempête remarquable en Corse avec des vents proches de 190 km/h par endroits et de gros dégâts, ainsi que des chutes de neige précoces jusqu’en plaine du Massif Central à la Lorraine et la Champagne-Ardenne, donnant 16 cm au sol à Saint-Étienne (Loire) (record absolu pour un mois d’octobre) et jusqu’à 50 cm sur les hauteurs du Massif Central. De nombreux axes ont été coupés par la neige et de nombreux arbres ont rompu sous le poids du phénomène.

Octobre est souvent un mois de contrastes, à l’image des mois d’octobre 1983, 1985 ou 1997, très chauds en leurs débuts, très froids pour terminer. Mais le laps de temps s’est raccourci cette année, puisque nous sommes passés de l’été à l’hiver en moins de 10 jours, ce qui reste asse rare. Après des journées de mi-octobre records de chaleur en moyenne nationale, les 28 et 29 ont figurés parmi les après-midis les plus froids pour ce mois depuis 1900. Un comble !

D’après Frédéric Decker de MeteoNews.