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Bordeaux

Séquestration d’un milliardaire du vin : six ans de prison requis


AFP le 30/04/2021 à 09:50

Six ans d'emprisonnement ont été requis jeudi devant le tribunal correctionnel de Bordeaux à l'encontre de cinq hommes, poursuivis pour la séquestration du milliardaire bordelais Bernard Magrez et son épouse, agressés et volés en janvier 2018 chez eux à Bordeaux.

À l’issue d’un réquisitoire de deux heures, quatre ans de prison ont également été demandés contre un sixième prévenu, jugé pour complicité. Les cinq hommes, âgés de 29 à 46 ans dont trois frères vivant en région parisienne, ont toujours nié, pendant l’instruction et à l’audience, avoir séquestré, menacé et volé à leur domicile Mme et M. Magrez, aujourd’hui âgé de 85 ans, propriétaire de 47 domaines viticoles dans le monde dont quatre grands crus bordelais.

Une longue enquête, notamment sur l’analyse des données téléphoniques des participants présumés, a conduit aux arrestations courant 2019. « Ce dossier, c’est le dossier du mensonge et la loi du silence », a lancé le procureur Olivier Bonithon, « qui ne serait rien sans le travail important des enquêteurs ». Tous les prévenus « mentent effrontément, mais il y a des preuves dans ce dossier, des indices concordants », a-t-il ajouté, évoquant de la part des prévenus « un repérage précis, une organisation, une assistance ». Le sixième prévenu, âgé de 48 ans, ancien beau-frère de la fratrie et habitant la banlieue de Bordeaux, poursuivi pour complicité, a par ailleurs accusé ses proches d’avoir mené l’agression.

Selon la défense, « on a fait des recherches à foison, des analyses ADN. Mais on a rien », a indiqué Me Julie Elduyen pour l’un des frères, dénonçant le fait qu’il fallait « cinq personnes, trois maghrébins, deux « blacks » ». « Il faut se baser sur des faits et non des élucubrations », a ajouté Me Philippe Nougaret, avocat du complice présumé.

Selon la partie civile, « on est sur un procès qui aurait dû se dérouler aux assises, qui n’a pas pu à cause du Covid. On est face à des faits d’une gravité certaine, un vol avec armes, qui méritait une peine d’au moins 10 ans », a fustigé devant la presse Me Pierre Blazy, avocat de M. Magrez. Ce dernier a regretté, en cas de condamnation à six ans, qu’« avec les réductions de peine et le temps déjà passé en prison, ils sont presque sortis ».

Le 12 janvier 2018, vers 5h00 du matin, cinq hommes cagoulés et gantés s’étaient introduits au domicile de M. Magrez après avoir forcé le volet et la baie vitrée du salon. Le milliardaire avait été « plaqué au sol », a rappelé le tribunal, menacé avec un tournevis, un couteau et un revolver, et son épouse « emmenée de pièce en pièce par les agresseurs, à la recherche d’argent liquide ». Le couple avait ensuite été enfermé dans une pièce, l’épouse menacée d’être enlevée et d’avoir les doigts coupés. Craignant l’arrivée d’une femme de ménage, les cinq hommes s’étaient enfuis, après avoir solidement ligoté les deux victimes, avec un butin total estimé à 100 000 euros dont 500 euros en espèces, des montres de luxe et des bijoux.