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Retours d'expériences

Semis de printemps : économie d’intrants et de temps avec l’herbisemis


TNC le 03/05/2021 à 10:02
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Réduction des intrants, des coûts, gain de temps... tels sont les bénéfices de l'herbisemis mis en avant pour les plantes sarclées. Généralement complétée par un binage, cette technique est surtout adaptée aux sols à ressuyage rapide. Retrouvez des partages d'expériences d'agriculteurs sur le sujet et les principaux points d'attention à avoir.

« Sans possibilité d’intervention chimique (hors variété tolérante herbicide) en post-levée, le désherbage du tournesol au semis est un point clé de l’itinéraire technique pour réussir la culture. En effet, c’est la concurrence précoce sur le rang qui est la plus pénalisante pour le rendement », rappelle Anthony Pages, ingénieur réseau Dephy à la Chambre d’agriculture du Gers.

Pour gérer cette problématique, Cyril Duffaut, agriculteur dans le même département, expérimente, depuis 2019, la technique de l’ herbisemis sur son exploitation. « Cela consiste en l’application d’un herbicide au moment du semis du tournesol grâce à un semoir équipé de buses spécifiques au niveau des éléments semeurs et l’ajout d’une cuve à l’avant du tracteur. Le traitement herbicide est ainsi localisé uniquement sur le rang de semis afin de limiter la concurrence précoce des adventices sur la culture en cours de levée », explique-t-il dans une fiche « pratiques remarquables du réseau Dephy » dédiée. 

Économie d’intrants et de temps

« Cette technique me permet ainsi de diminuer mon empreinte environnementale, de réduire mes coûts et d’ optimiser l’utilisation des produits phytosanitaires là où ils sont essentiels (- 50 % de la dose totale utilisée)  », témoigne l’agriculteur qui est certifié HVE (haute valeur environnementale). Autre point positif mis en avant : cela permet d’économiser le passage du pulvérisateur et de gagner ainsi du temps au moment des semis. 

Cyril Duffaut a recours à du matériel en Cuma pour cette technique : cela permet « de l’amortir sur des surfaces plus importantes (environ 250 ha en 2020). C’est intéressant aussi pour échanger sur les réglages et les améliorations possibles ». Les agriculteurs ont notamment fait réaliser une cuve frontale « sur-mesure » avec un constructeur local en fonction de leurs besoins. 

(©Anthony Page)

En plus de l’herbisemis, le désherbage des parcelles de tournesol est complété sur l’interrang par une opération de binage au stade 6-8 feuilles. Selon Terres Inovia, cette pratique « herbisemis puis binage » est surtout adaptée aux sols à ressuyage rapide. 

« L’intérêt du  désherbage mixte réside aussi dans la possibilité de raisonner l’intervention de post-levée : si l’état de salissement des parcelles ne le justifie pas, il est inutile de biner », rappelle l’institut technique.

Quels points d’attention ? 

Si Cyril Duffaut semble plutôt satisfait, il note avec l’ingénieur de son réseau Dephy plusieurs conditions de réussite comme « bien connaître la flore attendue sur la parcelle, afin d’ adapter le choix du traitement herbicide » ou « utiliser des  chasses-mottes sur le semoir en cas d’un sol motteux ou sec en surface et en présence de résidus de végétaux ». La technique peut également « être combinée avec la réalisation d’un faux-semis afin de faire lever certaines adventices ».

À noter aussi : il est important de « bien rincer la cuve entre chaque arrêt, pour éviter les problèmes de bouchage de buses ».

Retrouvez les avantages et limites de l’herbisemis (source : réseau Dephy) :

AvantagesLimites
– Pouvoir réaliser toutes les interventions en un seul passage– Nécessite l’adaptation d’un matériel spécifique

– Être moins dépendant des conditions venteuses pour le traitement (dérive limitée par la hauteur des buses)

– Intervention mécanique au stade 6-8 F du tournesol pour le binage : nécessité d’avoir un système de guidage performant dans le cas de grandes surfaces
– Diminution de la surface traitée (- 66 %) et de la quantité totale d’herbicide utilisée– Être plus attentif lors de l’opération de semis
– Efficacité du désherbage sur le rang équivalente ou supérieure à un traitement en plein

Comme le précise Terres Inovia, l’herbisemis est possible sur toutes les  cultures sarclées, qui se désherbent chimiquement avant la levée. Cyril Duffaut cherche notamment à adapter prochainement la technique sur soja.

Respectivement agriculteurs en Charente-Maritime et dans les Pyrénées-Atlantiques, Alexandre Vilain et Jean-Marc Couturejuzon témoignent aussi de leurs expériences en maïs. Après l’herbisemis, ils réalisent une à deux opérations de binage au cours du cycle. Outre le fait d’éliminer les adventices présentes sur l’interrang, ces passages permettent de « booster la culture. Comme on dit, un binage vaut un arrosage », explique Alexandre Vilain. 

Retrouvez leurs témoignages en vidéo (cliquez sur le curseur pour lancer la vidéo) : 

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