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Bordeaux

Relaxe pour deux châteaux poursuivis pour épandage de fongicides


AFP le 30/04/2019 à 17:54

Deux domaines viticoles ayant procédé en 2014 à l'épandage de fongicides près d'une école où des élèves et une enseignante avaient été pris de malaises, ont été relaxés mardi par le tribunal correctionnel de Libourne (Gironde), a-t-on appris de source judiciaire.

Les deux châteaux, poursuivis par la Sepanso (fédération régionale des associations de protection de la nature d’Aquitaine, affiliée à France nature environnement), avaient été jugés le 20 mars 2019 comme personnes morales pour « utilisation inappropriée de produits phytopharmaceutiques ». Les juges ont suivi les réquisitions du parquet et « relaxé » les deux châteaux, a précisé à l’AFP le procureur de Libourne Christophe Auger.

À l’audience, la procureure Sandrine Ballanger avait conclu son réquisitoire en soulignant qu’il n’y avait « aucune certitude sur le lien de causalité entre les épandages et les malaises ». « Le doute doit donc profiter aux prévenus », avait-elle souligné en demandant la relaxe. Contacté par l’AFP, l’avocat de la Sepanso, Me François Ruffié, n’était pas immédiatement joignable pour réagir à cette décision. La Sepanso avait voulu lors de ce procès inédit dans le vignoble bordelais « dénoncer les excès de la viticulture », en soulignant l’« extrême gravité de l’infraction ».

En mai 2014, plus d’une dizaine d’élèves et une enseignante de l’école primaire de Villeneuve-de-Blaye (Gironde) s’étaient plaints entre autres symptômes de picotements aux yeux, de maux de gorge, immédiatement après l’épandage de fongicides sur les vignes voisines. Les enfants avaient été confinés dans l’école et l’enseignante avait dû être hospitalisée une journée. Les deux domaines d’appellation côtes-de-Bourg avaient traité ce jour-là leurs parcelles de vigne avec des produits autorisés, mais potentiellement toxiques. Le château Castel La Rose, en agriculture conventionnelle, avait utilisé les fongicides Eperon et Pepper et le château Escalette, en « bio », avait épandu de la bouillie bordelaise, de l’Héliocuivre et de l’Héliosoufre S.

De non-lieu en plainte contre X, la procédure initiée en 2014 avait conduit au renvoi le 3 juillet 2018 des deux domaines viticoles. Après avoir initialement classé l’affaire sans suite, la justice avait fini par ouvrir une information judiciaire à Libourne, juridiction compétente, après une plainte contre X de la Sepanso et, fait inédit, avait mis en examen en octobre 2016 les deux châteaux. « Un parcours judiciaire long et laborieux qui montre bien qu’en Gironde, il y a une forme d’omerta » dans un secteur pourvoyeur de nombreux emplois, avait indiqué Me Ruffié lors de l’audience.