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Étude

La vigne de Bourgogne, « marqueur du réchauffement climatique »


AFP le 29/08/2019 à 15:20

Les vendanges ont lieu « treize jours plus tôt en moyenne depuis 1988 par rapport aux six siècles précédents » : la vigne bourguignonne « est un marqueur du réchauffement climatique », selon une étude rendue publique jeudi par la Maison des Sciences de l'Homme (MSH) de Dijon.

« Une nouvelle série de dates de vendanges, couvrant les 664 dernières années, confirme à quel point le climat des 30 dernières années a été inhabituel », a annoncé la MSH dans un communiqué, au sujet de l’étude publiée le même jour dans la revue Climate of the Past. Les résultats des recherches menées par des historiens et des scientifiques en Suisse, en France et en Allemagne, témoignent « de l’installation d’un climat plus chaud et plus sec au cours des dernières années » et montrent « que le réchauffement s’est accéléré », selon le communiqué. « Les années très chaudes et sèches étaient rares dans le passé, mais sont devenues la norme au cours des 30 dernières années », résume le chercheur Thomas Labbé, auteur principal de l’étude.

« La série reflète très bien le réchauffement climatique, on ne s’attendait pas à quelque chose d’aussi visible », a-t-il commenté à l’AFP, ajoutant que ces dates plus précoces de vendanges attestent d’une « différence d’un degré de température » en moyenne sur cette période. Pour parvenir à ces résultats, cet historien, chercheur à l’université de Bourgogne et au Leibniz-Institut de Leipzig, en Allemagne, a reconstitué les dates des vendanges à Beaune (Côte-d’Or) depuis 1354. L’étude exploite plusieurs sources d’archives, comme des informations sur les salaires versés aux vendangeurs, des registres du conseil municipal ou encore des articles de journaux. « Pour les dates les plus anciennes, nous avons travaillé sur les registres de comptes d’institutions religieuses » qui possédaient des vignes à Beaune, a précisé Thomas Labbé. La vigne étant très sensible à la température et aux précipitations, les chercheurs ont ensuite pu reconstituer les températures moyennes d’avril à juillet : les années où la saison végétative (printemps-été) est plutôt chaude et sèche, les raisins sont récoltés plus tôt, et inversement. « L’équipe a pu ainsi comparer la série de vendanges avec les relevés détaillés de la température de Paris depuis 1658, puis estimer les températures d’avril à juillet dans la région de Beaune pour l’ensemble des 664 années couvertes par leur relevé des dates de vendanges », détaille le communiqué.