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Météo

La nuit la plus froide pour un mois d’avril depuis 1947, le gel a « tapé fort »


AFP le 04/04/2022 à 14:59
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La France a enregistré entre dimanche et lundi sa nuit la plus froide depuis 1947 pour un mois d'avril : le gel a « tapé fort » dans de nombreuses régions de culture d'arbres fruitiers, sans qu'on puisse encore dresser un bilan.

Braséros, bougies, aspersion d’eau, éoliennes : dans les champs, la veillée d’armes dure depuis vendredi et la dernière nuit a été particulièrement éprouvante, chacun ayant à l’esprit les lourdes pertes liées au gel du printemps 2021 – un phénomène amené à se reproduire dans le contexte du changement climatique.

Lundi matin, Météo France a annoncé que les températures les plus froides pour un mois d’avril depuis 1947 dans le pays avaient été enregistrées au cours de la nuit, avec des records battus notamment à Mourmelon (Marne, – 9,3 degrés).

En milieu de matinée, les températures étaient de nouveau positives « partout » et l’épisode de froid est terminé, a précisé à l’AFP Patrick Galois, prévisionniste de Météo France.

« C’est très grave, ça a tapé fort cette nuit, beaucoup d’arboriculteurs sont touchés », a déclaré à l’AFP Christiane Lambert, présidente du syndicat agricole majoritaire FNSEA.

Mais « il est encore trop tôt pour tirer un bilan chiffré des conséquences du gel. Les dégâts ne sont visibles qu’au bout de quelques jours », a-t-on souligné au ministère de l’agriculture.

« L’arboriculture et en particulier les fruits à noyaux sont les plus touchés », surtout dans le Sud-Ouest, le Grand Est et la vallée de la Loire, a-t-on précisé au ministère, relevant que la vigne est à un « stade moins avancé que l’année dernière donc moins sensible ».

« Pas au niveau de l’an dernier »

Dans la région d’Agen, dans le Lot-et-Garonne, après deux nuits de gel consécutives, « il y aura de grosses pertes » pour la prune à pruneaux, mais moins élevées que l’an dernier « où ça avait grillé à 100 % », a expliqué Rémy Muller, conseiller en arboriculture à la Chambre d’agriculture du département.

Dans le Tarn-et Garonne, Damien Garrigues a passé la nuit à superviser les arroseurs automatiques dans ses 60 hectares de pommiers. Avec l’espoir de créer une fine couche de glace pour protéger ses bourgeons d’une chute plus brutale de température. « Pour l’instant, ce n’est pas au niveau de l’an dernier », a-t-il estimé, alors qu’il avait perdu environ 20 % de sa production au printemps 2021, malgré 13 nuits passées à lutter contre le froid dans ses vergers.

Dans les vignes d’Éric Chadourne, près de Bergerac, on espère que l’éolienne, activée lundi au petit matin pour brasser l’air autour des plants, va limiter les dégâts. Mais ailleurs, « tous les bourgeons précoces, merlot, cépages blancs et malbec, sont gelés », a constaté le viticulteur, espérant des dégâts moindres que l’an dernier, car les cépages tardifs ne sont « pas encore sortis ».

Échapper au pire

C’est d’ailleurs le mistral qui semble avoir permis aux vergers de la Drôme, dans la vallée du Rhône, où des bougies avaient été allumées dans les abricotiers, d’échapper au pire.

L’an dernier, après un épisode exceptionnel de gel en avril, les récoltes d’abricots, de cerises et de poires avaient été amputées de moitié par rapport à la moyenne des cinq années précédentes, selon le service statistiques du ministère de l’agriculture.

La production viticole avait aussi reculé à un « niveau historiquement bas » : – 19 % sur un an et – 14 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Les pertes de rendement avaient été plus ou moins marquées selon les territoires avec, par exemple, en Bourgogne un recul de 32,5 % par rapport à la moyenne des cinq millésimes précédents (2016-2020), selon le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB).

Dimanche, le Premier ministre Jean Castex avait évoqué l’ouverture, si nécessaire, d’un « fonds d’urgence » pour les départements les plus concernés.

Par ailleurs, anticipant une consommation d’électricité en hausse du fait du coup de froid, le gestionnaire du réseau électrique RTE avait appelé entreprises et particuliers à freiner leur consommation lundi en début de matinée, mais aucune coupure n’a finalement été nécessaire.