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Gironde

La justice se penche sur l’épandage de fongicides près d’une école


AFP le 20/03/2019 à 12:26

Le procès de deux domaines viticoles qui avaient procédé en 2014 à l'épandage de fongicides près d'une école où des élèves et une enseignante avaient été pris de malaises, s'est ouvert mercredi à Libourne.

À l’ouverture de ce procès inédit dans le vignoble bordelais, le directeur du Château Escalette était présent sur le banc des prévenus contrairement aux exploitants du château Castel La Rose absents. Les deux domaines sont jugés comme personnes morales pour « utilisation inappropriée de produits phytopharmaceutiques ». En mai 2014, plus d’une dizaine d’élèves et une enseignante de l’école primaire de Villeneuve-de-Blaye (Gironde) s’étaient plaints entre autres symptômes de picotements aux yeux, de maux de gorge, immédiatement après l’épandage de fongicides sur les vignes voisines. L’enseignante avait du être hospitalisée une journée et les enfants confinés dans l’école. Deux domaines d’appellation Côtes-de-Bourg avaient traité ce jour-là leurs parcelles de vigne avec des produits autorisés, mais potentiellement toxiques. Le château Castel La Rose, en agriculture conventionnelle, avait utilisé les fongicides Eperon et Pepper et le château Escalette, en « bio », avait épandu de la bouillie bordelaise, de l’Héliocuivre et de l’Héliosoufre S.

« La santé des enfants de Gironde vaut bien un procès », a déclaré à l’AFP Me François Ruffié, avocat de la Sepanso, partie civile aux côtés d’une autre association écologiste Générations Futures. « Ce jour-là, les neuf stations météo de Gironde ont relevé des vents supérieurs à force 3 sur l’échelle de Beaufort », la norme maximale fixée par le code rural pour épandre. « Il y a donc eu épandage inapproprié », assure Me Ruffié, selon lequel les horaires d’épandage n’ont pas non plus été respectés, les traitements ayant notamment eu lieu « au moment de la récréation ». « On ne poursuit pas la viticulture en particulier, on poursuit les excès », a précisé le conseil de la Sepanso.

Avocat du château Castel La Rose, Me Michel Gadrat, « conteste toute infraction et responsabilité ». « Les épandages n’ont pas duré toute la journée », précise-t-il. « Il y a eu deux traitements, un le matin qui a duré un quart d’heure, et un en début d’après-midi, qui a duré un quart d’heure également ». Concernant les malaises et irritations, « il peut y avoir de multiples éléments (…) comme par exemple le fait que la maîtresse avait effectué des traitements anti-poux sur les élèves le jour même et la veille des épandages ». Quant à la force du vent, « nous n’avons aucun relevé météo sur les lieux » mêmes et les relevés ont été effectués « à plus de 20 km », assure Me Gadrat. La justice avait initialement classé l’affaire sans suite mais une information judiciaire avait été ouverte à Libourne après une plainte contre X de la Sepanso. Les deux domaines viticoles avaient été mis en examen en octobre 2016.