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Marché agricole

La Chine dope les cours, mais interroge sur la réalité de ses stocks


TNC le 22/10/2020 à 12:25
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D’ordinaire sous pression de l’offre issue des récoltes mondiales, le marché des grains est dopé, depuis plusieurs semaines, par l'énorme demande chinoise. Selon Agritel, cette situation « interroge sur la réalité des stocks alimentaires dans l’empire du Milieu et dans le monde ».

La Chine est devenue, ces dernières semaines, le « moteur de la demande et de la hausse des cours des grains », confirme Agritel dans un communiqué. Les prix ont effectivement retrouvé leurs plus hauts niveaux depuis six ans, grâce à « une demande soutenue de la Chine totalement inédite et, probablement, à un changement de paradigme sur le marché des grains », explique Sébastien Poncelet, directeur du développement au sein du cabinet de conseil en gestion du risque prix.

À lire : Le blé, dopé par la demande et les incertitudes climatiques, franchit le seuil des 210 euros

Selon le spécialiste, la baisse de l’offre mondiale explique partiellement la situation actuelle. « Les récoltes de blé ont été très mauvaises en France et en Europe. Quant à la production de maïs, impactée par la sécheresse du mois d’août en Ukraine, aux États-Unis et en Europe, elle est inférieure aux prévisions. »

Surtout, la tension actuelle sur les prix, avec un blé qui dépasse les 210 €/t depuis lundi 19 octobre sur le marché à terme, « repose essentiellement sur une explosion de la demande, imprévisible il y a encore quelques mois ». « La Chine est présente aux achats sur tous les grains dans des proportions jamais constatées auparavant ! »

Un cheptel reconstitué après l’épisode de fièvre porcine

La Chine aura sans doute importé plus de 20 Mt de maïs, soit cinq fois plus que la moyenne annuelle des volumes importés depuis cinq ans. Une bonne nouvelle pour la filière française qui va exporter vers la Chine près d’un tiers du volume destiné aux pays tiers.

Plusieurs facteurs simultanés expliquent cette situation : le retour à un fort développement économique du pays, après une courte pause pour cause de pandémie de coronavirus, une monnaie chinoise renforcée face à un dollar affaibli, favorisant ainsi le pouvoir d’achat de la Chine, mais aussi une reconstitution du cheptel porcin, après l’épisode de la fièvre porcine il y a deux ans, nécessitant d’énormes besoins en alimentation animale.

À lire : Marché du maïs : Des prix en hausse, mais une situation toujours difficile sur les exploitations

Ceci dit, Agritel s’interroge : que sont devenus les stocks record de maïs évoqués par le gouvernement chinois depuis des années ? « Au-delà des chiffres officiels, certains éléments laissent deviner une situation extrêmement tendue pour le maïs : de juin à août dernier, 56 Mt issues des stocks d’État ont été vendues aux enchères, quatre fois plus que l’année précédente. Les stocks pourraient donc être insuffisants puisque les cours du maïs sur le marché de Dalian continuent d’atteindre de nouveaux records en dépit de l’arrivée de la nouvelle récolte. »

Et Sébastien Poncelet d’alerter : « Attention aux conséquences de l’appétit chinois qui pourraient précipiter les marchés vers une situation plus inquiétante ! Trop sollicités, les stocks des pays exportateurs de maïs, de soja et même de blé pourraient se tendre rapidement. »

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