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Après le chlordécone

La banane des Antilles défend ses pratiques « vertueuses »


AFP le 26/02/2019 à 18:49

Plus de 25 ans après la fin de l'utilisation du chlordécone, les producteurs de bananes de Guadeloupe et de Martinique veulent rassurer les consommateurs sur leur utilisation moindre de pesticides, face à leurs concurrents d'Amérique centrale et du sud, a expliqué à l'AFP leur porte-parole.

« Nous sommes dans un cadre réglementaire le plus exigeant du monde, avec les normes les plus élevées en matière de sécurité alimentaire, de normes sociales et environnementales », a expliqué Philippe Ruelle, directeur général de l’UGPBAN (Union des groupements de producteurs de bananes), en marge du Salon de l’agriculture.

Après le scandale du chlordécone, ce pesticide utilisé dans les bananeraies antillaises entre 1972 et 1993, qui a pollué les sols pour des centaines d’années, la filière a « baissé de 65 % en 10 ans l’utilisation des pesticides chimiques », et entend encore les réduire de 25 % d’ici 2020, a-t-il expliqué. Elle compte aujourd’hui 600 producteurs (400 en Martinique, 200 en Guadeloupe) et produit 250 000 tonnes de bananes par an.

L’utilisation du chlordécone était « un mode de développement et de production qui a été très impactant pour l’environnement et la santé (…). Ça fait partie de notre héritage. Aujourd’hui, on prend le contrepied avec toujours moins d’intrants chimiques », bien loin de certains concurrents, souligne-t-il.

« En Equateur, les producteurs peuvent utiliser 95 produits chimiques, dont une trentaine interdits en Europe. En France on peut utiliser une dizaine de produits », dit-il. Mais face à certaines maladies comme la cercosporiose noire, présente dans les pays humides, « on a toujours des traitements fongicides », limités à une dizaine par an, « contre 50 à 70 par an en Amérique centrale », dit-il.

« Faire du bio conforme aux normes européennes dans des pays tropicaux pose un problème de rentabilité » , estime-t-il. « La pression des maladies fongiques est telle que c’est une course de vitesse. On enlève le bout des feuilles abîmées dès le début de la maladie, mais vous perdez en production et en rendement ». « Il faut que les consommateurs fassent leur choix en conscience », et sachent que sur le marché européen, « d’autres pays obtiennent de l’Europe des accords d’équivalence bio » pour importer, avec « des exigences moindres par rapport à ce qu’on nous demande ». « On dit à l’Europe : « soit donnez-nous les mêmes armes, soit exigez les mêmes normes, soit n’appelez-pas ça du bio » ».