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Viticulture et archéologie

Découverte de pressoirs à vin assyriens vieux de 2 700 ans en Irak


AFP le 25/10/2021 à 11:12

Des archéologues italiens et kurdes irakiens ont annoncé dimanche la découverte en Irak de pressoirs à vin et de bas-reliefs sculptés dans les parois d'un canal d'irrigation, des vestiges vieux de 2 700 ans datant de l'époque des rois assyriens.

Les vestiges ont été mis au jour par une mission conjointe réunissant des archéologues italiens et leurs homologues de la Direction des antiquités de Dohouk, au Kurdistan irakien, sur deux sites remontant aux règnes de Sargon II (721-705 avant J.-C.) et de son fils Sénnachérib, qui lui a succédé. Roi d’Assyrie au 8e siècle avant Jésus-Christ, Sargon II avait établi sa capitale dans le nord de l’Irak, sur l’actuelle plaine de Ninive, près de Mossoul.

Près du site de Khinis, les archéologues ont découvert les restes d’une « fabrique à vin de taille industrielle », qui daterait de l’époque de Sénnachérib (704-681 av. J-C.), explique à l’AFP Daniele Morandi Bonacossi, co-directeur italien de l’équipe. « Nous avons retrouvé quatorze installations utilisées pour presser les grappes et en extraire le jus, ensuite transformé en vin », précise l’expert. Selon lui, il s’agit de la première découverte du genre en Irak.

Sur le site de Faida (nord de l’Irak), les archéologues ont retrouvé un canal d’irrigation long de neuf kilomètres. « Douze bas-reliefs monumentaux » de cinq mètres de large sur deux mètres de haut datant de la fin du 8e siècle avant J.-C. et du début du 7e siècle avant J.-C. sont visibles sur les parois. Ils ont été commandés soit par Sargon II, soit par Sénnachérib.

Les restes d’une « fabrique à vin de taille industrielle »

Chaque panneau « représente le roi assyrien en train de prier devant les dieux », explique Daniele Morandi Bonacossi, avec « les sept divinités les plus importantes du panthéon assyrien, représentées sous forme de statues ». « Les statues sont portées par des animaux sacrés (…) Ishtar, la déesse de l’amour et de la guerre, est sur un lion », explique l’archéologue de l’université d’Udine.

Du fabuleux palais et des temples construits sous le règne de Sargon II ont survécu plusieurs mythiques taureaux ailés − Lamassu − et des fresques murales exhibées au musée de Bagdad mais aussi au Louvre à Paris. L’Irak est le berceau des civilisations de Sumer, d’Akkad, de Babylone et d’Assyrie, auxquelles l’humanité doit l’écriture et les premières villes.

Le pays souffre depuis des décennies du pillage de ses antiquités, notamment après l’invasion américaine de 2003 et l’arrivée des jihadistes du groupe État islamique (EI) 10 ans plus tard. Dans la foulée de sa percée fulgurante mi-2014, l’EI s’était livré à « un nettoyage culturel » en rasant une partie des vestiges de la Mésopotamie antique, selon l’ONU, ou en revendant des pièces au marché noir.

Mi-septembre, les États-Unis avaient restitué à l’Irak la « tablette de Gilgamesh », un joyau mésopotamien vieux de 3 500 ans qui aurait été volé dans un musée irakien en 1991, quand le pays était plongé dans la première guerre du Golfe. En juillet dernier, 17 000 pièces vieilles de quelque 4 000 ans avaient déjà été rendues à l’Irak par les États-Unis.