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Crise du sucre

Cristal Union (marque Daddy) envisage de fermer deux usines en France


AFP le 18/04/2019 à 17:52

Le deuxième producteur français de sucre, Cristal Union (marque Daddy), envisage la fermeture de deux sites pour « pérenniser » son activité, qui souffre de la fin des quotas européens et de la hausse de la production mondiale ayant fait chuter les cours. « Le conseil d'administration de Cristal Union a décidé de mettre à l'étude le projet de fermeture des sites de Bourdon (Puy-de-Dôme) et de Toury (Eure-et-Loir), ainsi que le projet d'arrêt partiel de l'activité de conditionnement du site d'Erstein (Bas-Rhin) », a-t-il indiqué jeudi dans un communiqué.

« En dépit des mesures concrètes déjà prises par Cristal Union, comprenant entre autres la fin du système de prix de betteraves garantis et la réduction des investissements, le groupe présente des résultats négatifs pour l’exercice clos le 31 janvier 2019 », explique-t-il. La fin des quotas européens, en 2017, a eu pour conséquence directe d’exposer les producteurs sucriers européens à la concurrence mondiale, au moment où les cours du sucre demeurent à des niveaux très faibles depuis de nombreux mois. Cette faiblesse structurelle des cours mondiaux s’explique notamment par les stocks pléthoriques de sucre blanc et roux qui se sont constitués ces dernières années, rappelle le groupe. Le marché « va s’améliorer, mais de manière limitée. Donc nous nous devons de prendre des mesures de long terme », a indiqué Alain Commissaire, directeur général du groupe, à l’AFP. « Nous avons pris la décision d’étudier le projet de faire évoluer le schéma industriel de Cristal Union vers plus de performance pour pérenniser l’entreprise, et nous donner par la suite cette capacité de rayonner quand cette période compliquée sur les marchés sera terminée. Cristal Union va se trouver dans la capacité de répondre au marché tel que nous l’analysons pour les trois ou quatre ans à venir », a-t-il ajouté.

Arrêt de la culture de betterave

Le site de Bourdon, où travaillent 75 personnes, « est un site très isolé », explique Alain. Commissaire, et si la décision de fermer est finalement prise à l’issue de l’étude, « on ne peut pas imaginer continuer à produire des betteraves et les véhiculer à quelques centaines de kilomètres ». Les agriculteurs coopérateurs du Massif central « arrêteront de cultiver de la betterave ». La situation de Toury est différente. Le site emploie 130 personnes, mais est à proximité de deux autres usines du sud de Paris, 30 ou 40 kilomètres, « donc il n’y a pas vraiment de sujet » concernant l’emploi ou la production des coopérateurs, a-t-il assuré. Le transfert partiel de l’activité de conditionnement de sucre du site d’Erstein vers celui de Bazancourt (Marne) pourrait lui toucher « 30 ou 40 salariés ». Née en 2000 de la fusion de trois coopératives agricoles sucrières et d’une distillerie, Cristal Union réunit 10 000 coopérateurs. La coopérative détient 13 sites de production et de conditionnement répartis principalement dans le nord-est de la France, ainsi que deux distilleries dans la Marne et un terminal de stockage et d’expédition à Dunkerque. Cristal Union a réalisé lors de son exercice décalé 2017/2018 un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros, mais son bénéfice net, à 49 millions d’euros, était déjà ressorti très nettement inférieur à celui de l’exercice précédent (133 millions d’euros). « Au travers d’une décision aussi grave, Cristal Union (…) a le devoir d’accompagner ses agriculteurs pour leur permettre de poursuivre la betterave dans les meilleurs conditions. Plus globalement, nous appelons au soutien des autorités publiques pour réaffirmer une ambition forte pour la filière betterave-sucre-éthanol française », a déclaré le président de la Confédération générale des planteurs de betteraves, Franck Sander, cité dans un communiqué. Cristal Union n’est pas le seul groupe sucrier européen à réduire la voilure. La filiale française du groupe allemand Südzucker, Saint-Louis Sucre, a présenté début avril son plan de restructuration, qui prévoit la fermeture de deux de ses quatre sucreries en France, et la suppression de près de 130 postes sur les 723 que compte la branche française du premier groupe sucrier mondial. Le ministre de l’agriculture Didier Guillaume avait réagi en estimant que la filière sucrière française devait être réorganisée.