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Comment mener sa transition vers l’agriculture de conservation des sols ?


TNC le 07/12/2022 à 05:15
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Un arbre de décision pour accompagner la transition vers l'agriculture de conservation des sols. (©Alain Van de Kerckhove)

« Le parcours vers l'agriculture de conservation des sols peut être sinueux et complexe », observe Jean-Luc Forrler de la coopérative Vivescia. Afin d'accompagner les agriculteurs dans cette transition, le réseau VIVESCIAgrosol a mis au point un arbre de décisions. Détails.

« Durant la transition vers l’agriculture de conservation des sols (ACS), le sol va passer d’une porosité mécanique à une porosité biologique », indique Jean-Luc Forrler, chef de projet « conservation des sols » chez Vivescia, à l’occasion du colloque de restitution du projet Casdar Outillage*. 

Une transition de 3 à 10 ans

« Selon le type de sol, les façons culturales et la gestion des couverts, la période de transition peut être plus ou moins longue : entre 3 et 10 ans en moyenne ». Sur le terrain, « on a constaté que les agriculteurs souhaitant se lancer manquaient de repères et d’outils pour passer plus sereinement cette période, qui entraîne des changements profonds notamment au niveau de la rotation, des itinéraires techniques, etc. », indique l’expert.

Par le biais d’enquêtes auprès des agriculteurs, le réseau VIVESCIAgrosol, qui regroupe 350 agriculteurs (dont 1/4 en ACS depuis plus de 5 ans et 3/4 en période de transition), et ses partenaires ont ainsi mis au point un arbre de décision dédié à cette transition vers l’ACS, construit avec et pour les agriculteurs du club. 

Des indicateurs simples

« Si un diagnostic initial reste indispensable, l’objectif de cet arbre de décisions est de proposer un outil que chacun puisse s’accaparer, avec des indicateurs simples à utiliser. »Parmi les principaux points d’attention, Jean-Luc Forrler souligne notamment l’importance des couverts végétaux dans le système. Entre une récolte d’été et un semis de printemps par exemple, « on cherche à augmenter la durée et la qualité de la couverture ».

Et les indicateurs à suivre démarrent dès la récolte du précédent : en fonction de la présence de campagnols ou non, et de la destination des résidus de récolte, l’outil oriente le choix des pratiques culturales à mener. Le choix des espèces de couverts, et même des variétés, est également important à adapter en fonction du type de sol, de la date de semis et la résilience du système au stress hydrique. « L’objectif est de produire 3 t de MS/ha, avec un rapport C/N < 20 au moment de la destruction. Il faut injecter de l’azote dans le système », ajoute l’expert.

« La mesure de la biomasse verte du couvert fin novembre permet de définir, ensuite, le mode d’implantation de la culture de printemps. » Au-dessus de 2,5 t/ha, les recommandations sont : « TCS pour maïs et betterave, travail profond pour pommes de terre et semis direct pour les autres cultures de printemps ». En revanche, si la biomasse est en dessous de 1,5 t de MS/ha, la réalisation d’un « test bêche simplifié » est nécessaire, explique Jean-Luc Forrler. Pour cela, « on enfonce une bêche au maximum dans le sol et on tire le manche vers soi. Si le sens des fissures est vertical, la structure du sol est bonne et il est possible de faire du semis direct. Si la fissuration est horizontale, il vaut mieux ressortir un outil ».

Retrouvez aussi un arbre de décision pour la conduite du colza d’hiver, un autre dédié à la gestion du couvert semi-permanent à base de trèfle blanc entre un colza et un blé d’hiver, et enfin un pour la conduite d’une interculture courte entre deux céréales d’hiver. 

* « Le projet Casdar Outillage s’est déroulé de janvier 2018 à février 2022. Piloté par Terres Inovia et associant 22 partenaires, il a eu pour objectif de mettre au point des outils d’accompagnement des agriculteurs, pour imaginer, tester, évaluer et adapter en continu les innovations répondant à leurs attentes, afin de contribuer à la transition agroécologique en ferme. »