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Lot-et-Garonne

Barrages filtrants d’agriculteurs au lac de Caussade


AFP le 09/03/2020 à 18:50

Quelque 500 agriculteurs, élus locaux et habitants se sont rassemblés lundi pour mettre en place un barrage filtrant au lac de Caussade (Lot-et-Garonne) et empêcher les forces de l'ordre de vider cette retenue d'eau illégale creusée pour l'irrigation, ont indiqué les organisateurs.

« On a bloqué les deux carrefours avec des tracteurs pour que les forces de l’ordre ne viennent pas », a expliqué à l’AFP Pascal Béteille, président de la Coordination rurale 47 à l’origine de ce rassemblement à Saint-Pierre-de-Caubel. « Logiquement, on avait un ultimatum qui s’arrêtait samedi dernier. Depuis, les gendarmes doivent venir vidanger le lac, c’est-à-dire ouvrir la vanne et faire partir l’eau, ce qui pour nous est inconcevable puisque le lac a été fait pour stocker l’eau et il est plein. Il y a un réservoir pour cet été », a-t-il poursuivi.

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« Des agriculteurs restent cette nuit jusqu’au rendez-vous important demain (mardi) de la préfète et des députés du département au ministère de la transition écologique. Après, nous verrons… », dit Pascal Béteille, ajoutant qu’un lâcher de poissons était prévu mardi au lac. La préfecture du Lot-et-Garonne a déclaré ne pas communiquer sur le sujet en raison de sa « réserve électorale ».

Le lac de Caussade, à une vingtaine de km au nord-ouest de Villeneuve-sur-Lot, est une retenue d’eau de 920 000 m3 sur 20 hectares creusée par des agriculteurs locaux avec le soutien de la Chambre d’agriculture départementale. Son but est de réguler le débit du Tolzac, un affluent direct de la Garonne, et irriguer les 350 hectares de 40 exploitants agricoles. Cette retenue est dénoncée notamment par France Nature Environnement.

La préfecture avait donné son feu vert aux travaux en juin 2018 avant de retirer son autorisation en octobre après intervention des ministères de l’agriculture et de la transition écologique.

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La justice administrative avait constaté en mars 2019 l’illégalité des travaux menés par les agriculteurs. La préfète du Lot-et-Garonne, Béatrice Lagarde, avait signé deux mois plus tard un arrêté exigeant la cessation des travaux et de la mise en eaux ainsi que la destruction de l’ouvrage et la remise en l’état du site. Depuis juin, un « processus de concertation » avait été mis en place jusqu’à ce qu’il vole en éclat fin février. Dans un courrier adressé à tous les élus, la préfète avait indiqué que le niveau de la retenue d’eau n’avait cessé de progresser, alors que durant cette période de concertation, les autorités avaient demandé que les vannes de vidange restent ouvertes. Dans cette lettre, elle précise qu’un risque de rupture est avéré et que « 70 habitations pourraient être impactées » en cas de rupture. La préfète avait donné huit jours de procédure contradictoire, soit a priori jusqu’au 5 mars : « passé ce délai, des travaux d’office sont susceptibles d’être engagés sur site ».