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[Reportage] Diversification

Avec les asperges, père et fille reviennent sur les traces de leur ancêtre


TNC le 13/06/2022 à 12:05
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Claire Léquippé et Pascal Perrot devant leur parcelle d'asperges blanches. (©TNC)

La saison des asperges s’achève. À Ablis dans les Yvelines, voilà maintenant trois ans que Claire Léquippé et son père Pascal Perrot se sont lancés dans la production d’asperges blanches. La jeune agricultrice nous raconte cette « belle aventure familiale ».

Installée depuis 2013 sur une exploitation céréalière proche de la ferme familiale, Claire Léquippé a été pendant plusieurs années double-active, partageant son temps aussi avec la sélection variétale en orge. « Quand j’ai souhaité revenir à plein temps sur l’exploitation, il a paru nécessaire de se diversifier, pour pouvoir vivre correctement », explique l’agricultrice.

« Les asperges de Simon »

Et pour cela, père et fille ont rapidement su vers quoi s’orienter. Les asperges, on en parle depuis longtemps dans la famille Perrot-Léquippé. En effet, c’est un de leur ancêtre, Simon Perrot, qui a domestiqué l’asperge en Eure-et-Loir. D’où le nom de leur activité « Les asperges de Simon« . « Horticulteur et curieux de nature, Simon Perrot a rapporté en 1782 un pied sauvage lors d’une de ses excursions botaniques, puis il s’est mis à en produire et après quelques années, ses asperges étaient connues jusqu’aux tables du roi Louis XVIII », explique Claire, qui conserve précieusement les documents écrits de cette histoire à la ferme.

Après plusieurs visites chez des producteurs d’asperges, les agriculteurs ont alors implanté 4 ha et réalisé un premier prêt de 100 000 euros. « Les griffes représentent déjà un coût de 10 000 €/ha pour 8 à 10 années en terre. Nous avons également investi dans le matériel nécessaire : une laveuse, une calibreuse, un frigo, une enrouleuse et un outil à disques… Celui-ci est très important car il permet à la fois de désherber l’été, mais aussi de pré-butter et butter les champs ».

« On dit souvent qu’il ne faut pas replanter des asperges dans une même parcelle durant une vie d’homme », précise Claire Léquippé. (©TNC)

4 ha en agriculture biologique

Sur le plan technique, père et fille ont choisi « d’espacer les rangs de 3,3 m pour faciliter le désherbage mécanique de la parcelle, notamment pendant la période estivale. Cela permet aussi de limiter la propagation des maladies et/ou des insectes, constate Claire Léquippé. Le fait que les buttes soient bâchées joue également un rôle dans la gestion des adventices. Au départ, on s’était orienté sur une culture très raisonnée, mais différents échanges avec l’association de producteurs d’asperges bio nous ont convaincus d’une conversion en agriculture biologique et nous sommes certifiés depuis le mois de mars pour les asperges ».

L’agriculture met alors en avant l’importance du suivi technique de l’association avec des conseils précis et adaptés au contexte de l’exploitation. Au-delà de l’histoire familiale, les aspergent « collent » bien aussi avec toutes les autres cultures de l’exploitation (blé tendre, blé dur, orge d’hiver, orge de printemps, colza, pois et betteraves sucrières), en ce qui concernent les pics d’activité. Pour les asperges, c’est surtout la période de récolte qui est chronophage.

Tout est récolté à la main, seul  le geste est technique pour assurer des asperges du bon calibre et un bon débit de chantier. Pour cette année, Claire Léquippé et son père ont fait appel à 6 saisonniers. (©TNC)

Les 3/4 de la production vendus en direct à la ferme

Cette année, la récolte a démarré mi-avril, un peu plus tard que d’habitude suite aux températures froides du mois, et s’est étendue jusque début juin. C’est la première fois que l’aspergeraie rend à plein régime. En effet, la première récolte a eu lieu en 2020 pendant 15 jours et en 2021, celle-ci s’est déroulée sur deux mois et a permis de récolter 10 t d’asperges, soit les 3/4 du potentiel annuel de production ».

« Une récolte est effectuée tous les matins 6 jours sur 7 et la vente à la ferme les après-midi. Mon père fait les allers-retours au champ la matinée, pendant que je gère les commandes des professionnels et l’administratif. Et l’après-midi, nous organisons la vente à la ferme, ouverte de 15 à 18 h du lundi au vendredi et de 10 à 13 h le samedi », précise Claire Léquippé. « Aujourd’hui, les trois quarts de la production sont écoulés par ce biais. Le reste est vendu par des fermes voisines, des magasins de producteurs locaux et aux restaurants. On travaille aussi avec un grossiste sur Rungis : on fonctionne surtout avec l’humain. » Père et fille réfléchissent également à faire des marchés pour diversifier leurs canaux de vente, les rendements devant augmenter. Et le renouvellement de l’aspergeraie se prépare, une nouvelle parcelle de 2 ha a été plantée début juin pour un début de production prévu en 2024.