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Semis de céréales 2023

« Une baisse inévitable des surfaces en blé et orge d’hiver » pour 2023/2024


TNC le 15/11/2023 à 17:30
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Compte-tenu du retard des chantiers, une baisse des surfaces en blé et en orge d'hiver est inévitable, selon Benoît Piètrement. Et pour les semis d'hiver qui pourront encore être réalisés, on peut s'attendre à une baisse du potentiel. (© Stéphane Leitenberger/Adobe Stock)

A l’occasion du conseil spécialisé « grandes cultures » de FranceAgriMer, son président Benoît Piètrement a partagé son inquiétude quant à l’avancée des chantiers d’automne dans l’Hexagone, perturbés par les forts cumuls de pluie depuis la mi-octobre.

« Lors du dernier conseil spécialisé (du 11 octobre, NDLR), j’avais fait part de conditions de semis exceptionnelles pour les céréales d’hiver : tout était dans les clous ! Ça avançait bien dans les départements les plus au nord et les chantiers allaient commencer plus au centre et au sud du territoire. Mais en un mois, tout s’est inversé », note Benoît Piètrement, président du conseil spécialisé « grandes cultures » de FranceAgriMer (FAM).

Des chantiers de récolte et de semis à l’arrêt

215,4 mm : « c’est la première fois que le pays enregistre un tel cumul moyen sur 26 jours consécutifs toutes saisons confondues », a souligné Météo-France lundi soir dans un bilan des précipitations entre le 18 octobre et le 12 novembre.  

Le département du Pas-de-Calais est particulièrement touché, avec d’importantes inondations. « Cela va avoir de forts impacts en agriculture notamment : certaines surfaces déjà semées ne pourront pas être récupérées et pour d’autres parcelles, les semis d’hiver ne pourront pas se faire », indique Benoît Piètrement.

En ce qui concerne les cultures encore en place, le ministre de l’agriculture Marc Fesneau estime à « plusieurs milliers d’hectares les surfaces de betteraves sucrières qui ne pourront pas être récoltées. Nous étions au milieu de la saison », précise-t-il dans une interview donnée à France Info mercredi matin.  « Et cela ne touche pas uniquement les parcelles inondées. Là où il pleut depuis un mois, il sera impossible de rentrer dans les parcelles avant un bon moment », ajoute Benoît Piètrement.

« Un certain nombre de complications »

Le Grand Ouest est également concerné par les fortes intempéries. « Exemple dans le département des Deux-Sèvres où les semis de céréales d’hiver ne sont réalisés qu’à hauteur de 20 % environ, cela amène un certain nombre de complications ».

Pour Benoît Piètrement, « une baisse des surfaces en blé et en orge d’hiver est inévitable : une partie des parcelles seront probablement rebasculées en céréales de printemps (orge de printemps, maïs..).  Et pour les parcelles qui seront tout de même semées en céréales d’hiver (en espérant que la météo se rétablisse), on peut s’attendre à une baisse du potentiel de rendement, dès lors qu’on passe la mi-novembre. Après, ce seront l’hiver et le printemps qui feront la différence ».

Le conseil spécialisé « grandes cultures » de FAM a également soulevé « un problème réglementaire qui risque de se poser pour les couverts hivernaux. Si ce ne sont pas des cultures d’automne qui sont implantées, mais des cultures de printemps, cela implique l’obligation de couverts en hiver, qui ne vont évidemment pas pouvoir être semés…  ».

« Lors des débats pendant le conseil ce matin, a donc été évoquée la nécessité d’avoir des dérogations qui puissent se faire simplement. Les agriculteurs ont bien d’autres choses à gérer en ce moment que des problèmes réglementaires ».

« L’économie c’est une chose mais l’aspect humain est aussi extrêmement important, et quand on a l’outil de travail qui est touché ainsi que les maisons, etc. (par les inondations, NDLR), ça laisse des traces psychologiques qui sont très importantes ».