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Campagne de commercialisation 2021/22

« Notre défi : 2 millions de tonnes de céréales exportées en juin »


TNC le 25/11/2021 à 18:05
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Un nouveau silo verra bientôt le jour sur le port de Dunkerque. Le but : « pérenniser les débouchés existants et s'ouvrir à de nouveaux marchés d'export et d'import ». (©Nord céréales)

L'hétérogénéité de la récolte 2021 et la géopolitique rebattent les cartes de la commercialisation du grain français à l'export. Nord céréales entend trouver de nouveaux marchés sur cette campagne pour atteindre son objectif : deux millions de tonnes de céréales exportées fin juin 2022.

« Nous nous lançons le challenge d’arriver à 2 millions de tonnes (Mt) de céréales exportées en juin prochain ! », avance Joël Ratel, directeur général de Nord céréales. La Sica (société d’intérêt collectif agricole) détenue par les acteurs céréaliers du nord de la France en a exporté 2,2 Mt en 2020/21 et 2,8 Mt en 2019/20.

Elle s’est réunie en assemblée générale le 19 novembre, l’occasion de faire un point d’étape sur la campagne de commercialisation en cours.

Entre début juillet et fin novembre, Nord céréales a exporté 890 000 t de céréales, dont 67 % de blé et 33 % d’orge. Le million de tonnes devrait être atteint fin décembre, « soit le même chiffre qu’en fin d’année dernière », se félicite Joël Ratel, qui pointe la qualité très hétérogène de la récolte 2021.

« Nous imaginons garder, pour l’exercice 2021/2022, nos destinations phares, l’Algérie et la Chine, et espérons conserver le Maroc et l’Égypte », indique-t-il.

La Chine renouvelle, l’Algérie se détourne

Acheteur majeur sur la dernière campagne (1,6 Mt de grain importé), la Chine renouvelle son appétence pour le grain venu de l’hinterland* dunkerquois : environ 80 % des céréales exportées depuis juillet par Nord céréales sont parties pour l’Empire du milieu, surtout du blé.

« Les achats de la Chine confirment notre offre qualitative en protéines, note Laurent Bué, président de la structure. Il faut travailler le grain mais on a la chance d’avoir un séchoir, ce qui permet de satisfaire au cahier des charges chinois ».

La situation est plus incertaine avec l’Algérie, qui a récemment modifié son cahier des charges en défaveur de l’origine France et se tourne vers nos concurrents d’Europe de l’est pour se fournir en blé.

« On n’a envoyé aucun bateau en Algérie pour l’instant, souligne Laurent Bué. C’est un problème : c’était un marché assuré tous les ans, une chasse gardée. Et le cahier des charges algérien était le plus facile à satisfaire ».

« Trouver d’autres marchés »

Les acteurs de l’export tentent donc de trouver de nouveaux marchés pour la récolte 2021, notamment du côté de l’Asie, demandeuse en grain français :  « Le Pakistan, les Philippines… Mais il faut que les organismes stockeurs et les agriculteurs puissent s’adapter à leurs demandes, et que la logistique suive », souligne Joël Ratel.

Par ailleurs, « face à la hausse des prix de l’énergie et du fret maritime, la France pourrait perdre en compétitivité sur les destinations asiatiques ». Les travaux de construction en cours sur le site dunkerquois devraient contribuer à maintenir la compétitivité du grain français, selon Laurent Bué.

Les deux hommes placent aussi leurs espoirs dans les débouchés égyptien et marocain. Joël Ratel l’assure, « il y aura des départs pour l’Égypte depuis Dunkerque. On pense que le marché alimentaire va s’ouvrir vu que les blés russes partent en Algérie ».

Sans compter que « des discussions sont en cours pour que le Maroc ouvre ses importations aux blés à 74 kg/hl de poids spécifique, ce qui serait un avantage pour nous », conclut-il.

Et à l’échelle nationale ?

En se fiant aux données portuaires, le fournisseur de données Refinitiv estime qu’au 22 novembre, la France avait exporté environ 3,2 Mt de blé tendre et 2,16 Mt d’orge en dehors de l’Union européenne.

C’est beaucoup plus que l’an dernier à la même époque. Fin novembre 2020, FranceAgriMer chiffrait les expéditions vers les pays tiers à 3,08 Mt en blé tendre et 1,39 Mt en orges.

Quant aux destinations, vous pouvez retrouver ci-dessous une synthèse des données arrêtées au 10 octobre pour le blé et au 7 octobre pour l’orge, compilées par FranceAgriMer :

*hinterland : arrière-pays continental qu’un port approvisionne ou dont il tire les marchandises qu’il expédie.

Pour suivre les évolutions des cours des matières premières agricoles, rendez-vous sur les cotations Agri Mutuel.