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Étude de la MSA

Une « surmortalité par suicide » chez les exploitants et salariés agricoles


AFP le 08/07/2019 à 17:09

Les exploitants et salariés agricoles ont « un risque plus élevé » de décès par suicide que l'ensemble de la population, de l'ordre de 12 % en 2015, selon une étude publiée lundi par la Mutualité sociale agricole (MSA).

À la fois tabou et cliché, le suicide dans le monde agricole reste peu étudié en France. L’agence Santé publique France avait certes pointé récemment « un excès de risque » chez les hommes, mais à partir de données restreintes aux chefs d’exploitation et remontant à 2011. La MSA a visé plus large : parmi tous ses assurés d’au moins 15 ans « ayant consommé au moins un soin ou une prestation » en 2015, soit 1,36 million de personnes, elle a dénombré « 605 décès par suicide ». Un nombre nettement plus élevé que celui rapporté par l’agence sanitaire qui recensait, bon an mal an, 150 cas environ par an entre 2007 et 2011.

Sans surprise, « les suicides sont plus fréquents dans la population masculine (496) que chez les femmes (109) » et, rapporté au nombre d’assurés, « le taux brut de décès par suicide (…) est près de 4 fois plus important chez les hommes », souligne la MSA. Indépendamment du sexe, ce taux augmente avec l’âge et culmine au-delà de 65 ans. En limitant le champ aux 15-64 ans, la MSA a par ailleurs mis en évidence « une surmortalité par suicide des assurés du régime agricole ».

Comparés aux 40 millions de personnes prises en charge par la Sécu en 2015 (pour 4 991 suicides comptabilisés cette même année), les affiliés au régime agricole présentent en effet « un risque de 12,6 % plus élevé », cette propension étant encore « plus accentuée chez les salariés agricoles » (18,4 %). Même parmi les plus précaires, dont le taux de suicide est déjà triplé, la sécurité sociale des agriculteurs constate « un sur-risque » de 15 % parmi ceux qui touchent une pension d’invalidité, et de 57 % parmi les bénéficiaires de la CMU-complémentaire.