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Filière

Produire local pour nourrir les animaux d’élevage, le défi de Valorex


AFP le 03/07/2019 à 10:46

Produire localement des protéines pour nourrir les animaux d'élevage, en remplacement des tourteaux de soja importés : après quatre années de tests, une société bretonne, Valorex, s'apprête à lancer la phase industrielle de production.

Lancé en 2015, le projet « Proleval » vise à construire une filière de production de cultures de légumineuses à graines (féveroles, lupins, pois), de les transformer et d’identifier des éleveurs prêts à nourrir leurs bêtes avec cet aliment. Le tout en garantissant aux uns et aux autres une plus-value économique, a expliqué le directeur général de Valorex Stéphane Deleau, lors d’une conférence de presse mardi au siège de l’entreprise, à 50 kilomètres de Rennes. Mené en partenariat avec l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), « Proleval n’est pas seulement un projet de recherche et développement, mais une méthode pérenne, profitable à la fois aux agriculteurs » qui produisent la matière première, « et aux éleveurs » qui l’utilisent, a-t-il dit.

Pour bâtir cette filière, Valorex passe des contrats avec un prix d’achat garanti aux agriculteurs. Par ailleurs, les études ont démontré que ces cultures, qui entrent dans un cycle de rotation, permettent « de gagner en marge » sur la culture suivante pratiquée sur la même parcelle, a souligné Guillaume Chesnau, directeur recherche et innovation. « La marge brute supplémentaire est de 115 euros par hectare pour un blé après une féverole par rapport à un blé dans une rotation classique colza-blé-orge », a-t-il développé. Cette marge est essentiellement gagnée grâce à un meilleur rendement et une économie d’engrais. Les études menées mettent aussi en évidence, selon Guillaume Chesnau, « un « plus » très net pour les éleveurs » de ruminants et de volailles. L’étude est en cours pour le porc.

Enfin, Valorex a mis au point un procédé « très innovant » pour transformer, en tenant compte de multiples paramètres, des graines oléoprotéagineuses provenant de variétés sélectionnées pour leur spécificité. La société a établi des partenariats avec des fabricants d’aliments pour bétail qui traiteront ces graines grâce à un module technique fourni par Valorex. Au nombre de cinq actuellement, ces « licenciés » devraient atteindre 25 en 2025. La France importe chaque année 3,5 millions de tonnes de tourteaux de soja, pour l’essentiel OGM, destinés à l’élevage, dont une bonne part d’Amérique latine, avec de graves conséquences sociales et environnementales. En 2018, Emmanuel Macron a fait de l’autonomie en protéines une cause nationale, une autonomie déjà prônée sous la présidence de François Hollande.