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Produits phytosanitaires

Le maire d’une commune bretonne interdit leur utilisation près des habitations


AFP le 19/05/2019 à 08:12

Le maire de la petite commune de Langouët (Ille-et-Vilaine), Daniel Cueff, a pris samedi un arrêté interdisant l'utilisation de produits près des habitations ou locaux professionnels, a-t-il annoncé au cours d'une manifestation.

« On n’a pas la preuve que les produits phytosanitaires sont bons pour la santé, qu’il faut en boire tous les jours comme un verre de vitamines, donc on n’en veut pas », a expliqué le maire à l’AFP, au cours d’un carnaval des Coquelicots qui a rassemblé une centaine de personnes. L’arrêté, signé samedi, interdit l’utilisation de produits phytopharmaceutiques « à une distance inférieure à 150 mètres de toute parcelle cadastrale comprenant un bâtiment à usage d’habitation ou professionnel ». Cette distance peut être ramenée à 100 mètres dans certaines conditions. L’utilisation de ces produits sera de fait interdite sur l’essentiel du territoire communal, en raison de la dispersion des habitations. Cette commune de 602 habitants, située à une vingtaine de kilomètres au nord de Rennes, compte cinq agriculteurs dont deux en agriculture biologique, selon le maire. Chaque habitant pourra trouver en mairie des formulaires de plainte-type à déposer pour « non respect d’un arrêté du maire », a précisé Daniel Cueff, vêtu d’une tenue d’apiculteur et de son écharpe tricolore. « Il est légitime qu’un maire agisse face à une carence de l’État », a-t-il estimé, mettant en avant une « problématique de santé publique ». Avec cet arrêté, « nous espérons faire bouger les lignes, faire évoluer la loi car nous ne voulons pas consommer de produits phytosanitaires », a déclaré Daniel Cueff. « On pense qu’il va y avoir pression pour faire retirer l’arrêté car s’il n’est pas cassé, il fera jurisprudence», a-t-il ajouté. Une centaine d’habitants, déguisés en abeille, en coccinelle, lapin ou en apiculteurs ont défilé dans le bourg de Langouët samedi après-midi, au son d’un orchestre et à l’initiative du collectif local des Coquelicots, qui milite pour l’interdiction des phytos. « C’est pour célébrer le vivant. On aime notre Terre, on aime nos enfants et on a envie de leur donner ce qu’il y a de mieux », a expliqué Sandrine Maguet, 41 ans, référente du collectif local. « Amusons-nous puisque l’heure est grave », pouvait-on lire sur une pancarte. Village breton engagé dans l’écologie sociale, Langouët est doté d’une cantine 100 % bio et locale depuis 2004, a dit « non » au désherbage chimique dès 1999 et produit plus d’électricité solaire que n’en consomment ses bâtiments publics.