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Charges de mécanisation

Gaïa d’Éco-Mulch : une autre vision de l’agriculture


TNC le 06/04/2020 à 06:07
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Une seule poutre capable de recevoir différents outils pour intervenir de l'avant semis jusqu'à la récolte de la culture. (©Paul Renaud)

Le projet Éco-Mulch baptisé Gaïa vise à limiter les charges de mécanisation en diminuant le coût de l'investissement. En clair, une poutre unique embarque différents accessoires pour intervenir sur la culture tout au long de sa vie. Semis, fertilisation, désherbage mécanique ou thermique... il suffit d'adapter celui dont vous avez besoin grâce à une simple clavette. Inutile de multiplier les outils traditionnels... un concept de châssis unique qui devrait contribuer à faire baisser la facture.

Qui n’a jamais rêvé de réduire ses charges de mécanisation en rendant ses outils plus polyvalents ? Et quel constructeur n’a jamais utilisé cette idée dans ses arguments marketing ? Et bien chez Éco-Mulch, un des objectifs est de fabriquer du matériel capable de limiter les coûts. Le tout en revenant à l’un des fondamentaux de la profession : l’agronomie.

Étienne Bazin, dirigeant et fondateur d’Éco-Mulch, est aussi agriculteur. Il est installé à Nogent-sur-Vernisson dans le Loiret. Son projet est né de problématiques rencontrées par l’un de ses voisins, converti en agriculture biologique. « Dans ce contexte où les cours sont régulés à l’échelle mondiale, les agriculteurs n’ont pas le choix. S’ils espèrent gagner un peu d’argent grâce aux cultures, il est primordial de réduire les charges. Et notamment côté investissement. Alors pourquoi pas en rendant les outils plus polyvalents ? », interroge le passionné.

Le couteau suisse agricole

Trois années à plancher avec les ingénieurs de son bureau d’études avant de concevoir cette sorte de « couteau suisse agricole », baptisé Gaïa. Son nom ne doit sans doute rien au hasard : dans la mythologie grecque, Gaïa est souvent assimilé au dieu de la terre…

La première fois que les agriculteurs ont découvert l’engin, c’était en 2018 à Innov-Agri. Et autant dire que la machine a suscité de l’intérêt. En cause, la simplicité du dispositif. « Il faut raisonner en termes de géométrie tracteur-attelage. Elle est unique et se base sur l’espacement entre les rangs. L’élément de base est le châssis unique, constitué du dispositif d’attelage et de la poutre. Celle-ci est en quelque sorte la colonne vertébrale de l’outil sur lequel les accessoires sont fixés. Pour faciliter les manœuvres, les parallélogrammes d’adaptation sont solidaires de la poutre.

Déporter l’attelage pour travailler le rang ou l’inter-rang

« Une fois l’intervalle défini, l’installation ne change plus. Selon le travail à effectuer, l’agriculteur peut déporter la tête d’attelage. Indispensable pour modifier le passage de l’outil selon qu’il sème ou travaille l’inter-rang. Avec des fixations à 75 cm, l’outil est capable de travailler à 75, 50 ou 25 cm. Rien à déplacer ! Du coup, le temps d’intervention est minime. Il suffit de mettre l’accessoire en position et de verrouiller le dispositif grâce à la clavette », précise l’exploitant. 

Toujours côté châssis, le constructeur installe différents raccords pour connecter les autres outils. Par exemple, pour semer, il suffit de raccorder le tuyau de la trémie frontale qui achemine les semences à la tête de répartition. Idem si le paysan fertilise au semis. Il suffit de définir les utilisations potentielles de l’outil et d’y ajouter tout ce qui sera nécessaire.

10 à 15 €/ha de gaz propane liquide à 6 km/h

Des raccords d’arrivée de gaz pour alimenter le module désherbage thermique, des prises électriques pour alimenter le moteur de la partie tondeuse (ou écimeuse), des connecteurs hydrauliques pour relever les éléments de binage et éviter d’abîmer la culture dans les fourrières… Tout ce qui est amovible doit être simple et rapide. Une sorte de « Plug-and-Play ». 

Question désherbage thermique, le système est particulièrement efficace s’il est utilisé sur des adventices très jeunes, en prélevé de la culture par exemple. Cela permet notamment à la culture de démarrer son cycle avant celui des adventices. En termes de coût, le dirigeant annonce une consommation de gaz GPL comprise entre 10 et 15 €/ha si l’outil travaille à 6 km/h.

Un outil pour tout faire ou presque

Côté accessoire, le choix est large. Toutes les interventions utiles durant le cycle de la culture sont possibles. Semis à dents ou à disques à 25 cm d’écartement, semis de précision, incorporateur d’engrais localisé, herse étrille, brûleur thermique, tondeuse d’interlignes, sarcleuse… D’autres sont déjà en développement pour répondre aux besoins. L’idée reste la même : un seul outil pour tout faire.

Sans compter que grâce à la géométrie tracteur-outil qui ne change pas, inutile de bénéficier d’un tracteur denier cri profitant entre autre du guidage GPS avec correction RTK. Là encore, la facture n’explose pas ! Point de vue prix, Étienne n’a pas encore fait l’addition pour définir le montant. Cependant, il affirme déjà que le coût global de Gaïa sera inférieur à ce qui se pratique sur le marché. Sans oublier que l’investissement porte une seule fois sur le module d’attelage. La facture dépendra surtout du nombre d’accessoires dont le producteur a besoin pour suivre sa culture.

Maintenir le sol vivant en maintenant une couverture végétale permanente

En résumé, Gaïa répond aussi bien aux besoins des exploitations biologiques que des conventionnelles. « Les agriculteurs sont de plus en plus soucieux de perturber le moins possible la vie du sol. C’est la tendance observée, qui tend d’ailleurs à s’élargir ! Maintenir le sol vivant en maintenant une couverture végétale permanente, pour alimenter la faune et la flore complexe qui y vit. Tel est le défi auquel vont devoir répondre les agriculteurs », conclut-il.