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Académie d'agriculture de France

Être agriculteur(trice) en France en 2021


André NEVEU, membre de l'Académie d'Agriculture de France le 13/08/2021 à 15:01
female farmer standing in the wheat field, combine harvester in the background

(©Getty Images)

L'agriculteur du XXIe siècle n'a plus rien à voir avec celui de l'immédiate après-guerre : c'est un vrai professionnel, bon technicien, ouvert sur le progrès et à l'écoute du monde extérieur. Néanmoins, sa vie n'est pas facile, et il doit sans cesse se remettre en question. Le point sur ce que signifie "Être agriculteur en France en 2021" avec l'Académie d'agriculture de France.

Réussir son installation

On ne s’improvise pas agriculteur de nos jours : c’est un métier complexe, exigeant, mais passionnant.

À l’issue d’une formation dans un établissement spécialisé et, si possible, un temps assez long de pratique agricole, le candidat-chef d’exploitation doit commencer par élaborer son projet d’installation. C’est un travail compliqué qui comprend :

  • Des éléments techniques : quel système de production choisir ?
  • Juridiques : quel statut pour la future entreprise ?
  • Fonciers : quel mode de faire valoir ?
  • Commerciaux : quels seront les clients ?
  • Et bien sûr financiers : quelles ressources mobiliser pour les investissements, le fonds de roulement ?

Pour obtenir les aides publiques accordées aux jeunes agriculteurs, le candidat doit réaliser un Plan de Professionnalisation Personnalisée (PPP) qui doit être validé par le Préfet du département. Ces aides publiques sont souvent nécessaires à l’équilibre financier du projet : elles complètent utilement un autofinancement toujours modeste, parfois quelques prêts familiaux, et des prêts bancaires plus conséquents mais pas pour autant accordés avec libéralité.

Plus de la moitié des installations s’effectue aujourd’hui dans le cadre d’un GAEC ou d’une EARL, plus rarement dans celui d’une société commerciale.

Il est évident que le futur agriculteur pourra plus facilement s’installer sur une exploitation familiale, que s’il s’agit d’une installation hors cadre familial. En revanche, une expérience professionnelle de quelques années dans un autre secteur économique, n’est pas un handicap, bien au contraire.

Enfin, contrairement au passé, le conjoint n’est plus systématiquement aide familial à la ferme : il (ou elle) a très souvent une activité professionnelle hors de l’agriculture.

La course à la compétitivité

Pour tout agriculteur, la réduction des coûts de production et l’évolution des prix de vente constituent un souci, voire une obsession permanente : les marges, et donc le revenu annuel, en découlent directement.

Or, parmi les nombreux facteurs à surveiller, beaucoup ne dépendent pas des choix que le chef d’exploitation est amené à prendre ; et pourtant, il doit en tenir compte avant toute décision importante. Il en est de même des aides européennes dont les montants et les conditions d’accès sont éminemment évolutives, et impliquent en outre diverses contraintes pour l’exploitant.

Les complexes choix en stratégie de gestion

Dans les choix stratégiques, comme dans les décisions courantes, la principale qualité nécessaire à un exploitant est sa capacité à s’adapter à un environnement économique en perpétuelle évolution. Cette adaptabilité doit en particulier porter sur :

  • Le choix des productions ; attention à la monoproduction.
  • Le niveau d’intensification : le rendement maximum ne correspond pas toujours à la meilleure marge.
  • Les itinéraires techniques : les cultures sans labour permettent quelques économies.
  • Et le mode de commercialisation (attention au mirage de la vente directe !).

Cette quête permanente est épuisante, d’autant plus que toute erreur est sanctionnée. Les changements importants dans le fonctionnement de l’exploitation génèrent toujours des risques élevés ; par exemple, le passage à l’agriculture biologique fragilise pour un temps l’exploitation : on constate que la période de transition est longue et est le plus souvent une période de baisse des revenus, quel que soit l’intérêt final de l’opération.

Les complexes choix en investissements de fonctionnement

Au cours de son activité professionnelle, le chef d’exploitation doit sans cesse prévoir, réaliser et financer des investissements nouveaux, afin d’améliorer ses méthodes de travail, sa productivité et, au final, ses résultats financiers. En particulier, cette quête permanente s’impose s’il a passé des contrats avec ses futurs clients qui exigent une qualité irréprochable, le respect des dates de livraison et celle des quantités convenues. À cet effet, il sera souvent nécessaire d’acquérir des matériels ou des équipements onéreux, offrant les dernières techniques disponibles sur le marché.

La difficulté de recourir à du personnel salarié compétent contribue aussi à recourir à des engins puissants, offrant de grandes dimensions de travail et pourvus de logiciels « intelligents ». Ces matériels sont évidemment très coûteux. Le plus souvent, ils devront être financés à crédit ; il est donc essentiel que les conditions d’amortissement soient étudiées avec le plus grand soin.

Les complexes choix face aux évolutions sociétale

L’agriculteur doit aussi anticiper les évolutions sociétales qui lui imposent, ou lui imposeront tôt ou tard :

  • de mieux protéger l’environnement,
  • de réduire l’emploi de produits phytosanitaires,
  • ou d’améliorer le bien-être animal.

Ces changements ont un coût qu’il faut anticiper, par exemple en adoptant les méthodes de l’agroécologie qui permettent de ne pas trop sacrifier les rendements des cultures. […]

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