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Travail du sol

Des ailerons spécifiques pour le désherbage chez Carbures Technologies


TNC le 21/10/2019 à 06:04
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Les dents à ailerons développées spécialement pour le Terrano de Didier Duchemin travaillent le sol et scalpent les plantes. (©Paul Renaud)

Pour maîtriser l’enherbement de ses parcelles, Didier Dumoulin a équipé son outil de travail du sol avec des ailerons. Le recouvrement important lui permet d’arracher tout type de végétation.

Il y a 10 ans, Didier Dumoulin s’est converti à l’agriculture biologique et depuis, il est confronté au développement des adventices dans ses parcelles. Conscient des enjeux de la structure et de la vie sol, l’agriculteur ne souhaite pas pour autant opter pour le labour systématique sur son exploitation située à Luzay (Deux-Sèvres).

Fort de ce constat, il a cherché l’outil de travail du sol à double fonction : être capable de déchaumer les 200 ha de SAU et avoir une action de désherbage, de destruction des couverts et des prairies. « J’ai choisi le déchaumeur qui puisse travailler quelles que soient les conditions, même en présence de terre humide ! », détaille l’exploitant.

Restait donc à trouver le système capable de se substituer aux traitements chimiques et à la charrue. Là, le fermier demande à son frère, Tom Dumoulin, gérant de l’entreprise Carbures Technologies, de développer une dent munie d’ailerons et adaptée au désherbage. Résultat : l’outil coupe ou arrache les racines de la végétation tel un scalpeur. En témoigne le dépôt de longues racines de luzernes à la surface du sol de la parcelle récemment travaillée par l’agriculteur. Le champ situé un peu plus loin avait été travaillé trois semaines auparavant et est déjà redevenu vert. « Les graines germent vite et du coup, j’épuise le stock comme avec un faux-semis », ajoute le spécialiste.

Des ailerons conçus pour la culture biologique

La principale caractéristique des éléments de travail du sol conçus par Carbure Technologies : le recouvrement de 12 cm entre les ailerons qui font eux-mêmes 22,5 cm de large. « Mon frère a insisté sur ce point. Pour moi, 5 cm suffisaient ! Avec du recul, je pense que cette longueur était indispensable pour répondre aux besoins des cultures biologiques. Par exemple, en présence de rumex, chardon ou luzerne, si la plante glisse sur le premier élément, elle sera nécessairement attrapée par le second », affirme l’exploitant. Les ailerons sont renforcés avec six pastilles de carbures pour augmenter leur résistance. Didier Dumoulin affirme même avoir travaillé 500 ha pendant trois ans, dont une partie en sol abrasif, avant de devoir entretenir la partie en carbure.

Les ailerons découpent les racines sur 22,5 cm de large et aucune d’entre-elles n’y échappent. (©Paul Renaud)

Autre particularité : la forme des dents. Sur demande de l’exploitant, le socle en carbure de 70 mm a été positionné avec un angle moins important que sur les outils classiques. « Le socle est installé de façon à mieux pénétrer le sol et à opposer moins de résistance. Mon frère n’a pas l’habitude de les fixer ainsi, c’est plus compliqué à fabriquer. Mais c’est important, notamment pour limiter la consommation du tracteur », explique Didier.

Le fabriquant a aussi travaillé de sorte à ce que les ailerons collent au support de la dent. La griffe de 70 mm de large protège la jonction et empêche les débris végétaux de se crocheter dans l’interstice. « La configuration évite donc les bourrages et réduit le risque de traîner des paquets sur plusieurs hectares sans s’en apercevoir. Du coup, là aussi, la consommation en carburant diminue », affirme l’exploitant.

Deux passages pour désherber et préparer le sol

L’ensemble dent-ailerons est fixé sur le déchaumeur acheté d’occasion par le fermier. « J’ai opté pour un Horsch Terrano puisque Carbure Technologies avait déjà adapté des dents sur ce modèle, donc je savais que c’était possible. En outre, il est réputé pour sa solidité et sa robustesse », ajoute Didier. Dans l’itinéraire technique de la ferme, la dent est utilisée en deux passages pour répondre à sa double fonction : déchaumer et désherber.

« Au premier passage, à l’automne, je travaille à 10 cm de profondeur même si je peux limiter la profondeur à 4 cm. L’objectif est de scalper la végétation en place et de favoriser la germination des graines », témoigne-t-il.

Au second passage, le but est de préparer le terrain pour semer au combiné. Les plantes ayant poussé entre deux doivent donc être détruites. C’est à ce moment-là que l’outil doit travailler plus profond qu’au premier passage. « Je peux descendre jusqu’à 20 cm mais je le fais rarement car c’est traumatisant pour le sol à la longue », conclut Didier Dumoulin.