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Sécheresse

De nombreux départements agricoles pourraient ne pas être reconnus


AFP le 12/11/2018 à 15:38

Trois quarts des départements français ont été très touchés par la sécheresse mais nombre d'entre eux risquent de ne pas bénéficier d'indemnisations pour leurs agriculteurs, en raison de critères d'éligibilité inadaptés, craint la FNSEA lundi.

« On est aujourd’hui à près de 75 départements qui ont été très impactés par la sécheresse », a déclaré lundi à l’AFP Joël Limouzin, vice-président de la FNSEA en charge du dossier gestion des risques. Selon lui, une cinquantaine de ces territoires ont d’ores et déjà déposé un dossier ou sont en passe de le faire d’ici lundi soir, les autres étant encore « en cours d’expertise ». « Des départements ont déjà demandé, après des expertises, la reconnaissance en calamité agricole, mais d’autres départements sont encore au travail là-dessus pour la bonne et simple raison que la sécheresse s’est étendue quasiment jusqu’au 1er novembre », a-t-il expliqué. « Certains attendaient jusqu’à la fin octobre pour pouvoir faire ce travail d’expertise terrain », a ajouté Joël Limouzin, éleveur en Vendée.

Alors que les premiers départements devraient voir leur cas être examiné le 12 décembre, en comité national de gestion des risques en agriculture (CNGRA), les départements restants, compte tenu de la durée de cette sécheresse, devraient déposer leur dossier d’ici janvier ou février, mois durant lesquels se tiendront deux nouveaux CNGRA. Mais, craint Joël Limouzin, de nombreux territoires très durement touchés pourraient ne pas bénéficier de ces indemnisations. « Nous avons aujourd’hui des discussions en cours un peu compliquées, notamment sur les critères d’éligibilité au fonds des calamités agricoles », a-t-il expliqué à l’AFP. « On a une sécheresse assez atypique en 2018 : on a eu des récoltes d’herbe en moyenne à peu près satisfaisantes au printemps, mais une sécheresse qui a démarré quasiment début juillet sans discontinuer et notamment sur toute la partie du Grand Est », ainsi que sur l’ensemble du Massif central. Or « on a des départements très impactés, qui risquent d’avoir des difficultés à être reconnus en calamité agricole, par le fait de la récolte du printemps », explique Joël Limouzin, qui met également en avant la très grande « hétérogénéité » des situations au sein de certains territoires.

Un système d’indemnisation quinquagénaire

« Si on applique les critères tels qu’ils sont aujourd’hui, sur les 75, c’est peut-être une bonne trentaine de départements qui pourraient être exclus », affirme Joël Limouzin. Il souligne que le système actuellement en vigueur « a été basé il y a 50 ans, sur un schéma d’une agriculture relativement homogène et qui était plutôt pour accompagner le monde de l’élevage », alors que certaines exploitations se sont depuis diversifiées pour être plus résilientes. La situation des éleveurs est d’autant plus compliquée que d’autres cultures que les céréales à paille ont « connu des rendements catastrophiques », notamment la betterave à sucre, grosse pourvoyeuse de déchets susceptibles de nourrir le bétail, comme la pulpe de betterave ou la luzerne. « On est en train de faire venir aujourd’hui de la paille d’Espagne avec des coûts exorbitants », a déploré Joël Limouzin.

« En 2003, au moment de la sécheresse, le fonds de calamité a indemnisé 600 millions d’euros. Je pense qu’on pourrait arriver à ces niveaux-là », a estimé le responsable syndical, selon qui ce montant représentait alors 28 % des dégâts subis par les paysans, un taux qu’il aimerait voir réévalué cette fois-ci. Par ailleurs, il redoute « de très mauvaises surprises » pour le printemps prochain, lors duquel la repousse naturelle de l’herbe pourrait être problématique dans de nombreuses pâtures.