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Importations de soja sud-américain

Bientôt un outil pour éviter l’achat de soja contribuant à la déforestation


AFP le 24/11/2021 à 15:25
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Au Brésil, le soja est la culture qui a le plus d'impact sur la déforestation amazonienne. (©Pixabay)

La France veut faire de la déforestation importée une priorité lors de sa présidence de l'UE et a mis au point des outils qui permettent aux entreprises de ne pas acheter de matières premières contribuant à ce phénomène, a indiqué la secrétaire d'Etat Bérangère Abba. Un outil spécifique pour le soja sera disponible à partir du 29 novembre prochain.

Comment être sûr que le soja brésilien importé et utilisé à l’alimentation animale, par exemple, ne contribue pas à la déforestation ? C’est à cette question qu’un outil spécifique permettra de répondre. Objectif : Aider les entreprises volontaires et le secteur public à ne pas contribuer à la déforestation importée et ainsi offrir une solution technique à l’engagement pris par la France en la matière.

En 2018, la France s’est engagée à mettre fin d’ici 2030 à la déforestation liée à l’importation de produits y contribuant dans les filières cacao, hévéa, soja, huile de palme, bois et ses produits dérivés, bœuf et produits tirés du bœuf.

L’outil spécifique concernant la filière soja a été conçu en coopération avec des ONG. Il sera disponible à partir du 29 novembre sur le site www.deforestationimportee.fr.

La France est un « des premiers pays à avoir mis en œuvre des outils pour définir les produits et les zones à risque », a ajouté Bérangère Abba. « Cela nécessitait des outils satellitaires, nous les avons et nous pouvons à présent les croiser avec les données douanières » anonymisées pour respecter le secret commercial.

Le soja, culture la plus impactante pour la forêt

Parmi les matières premières importées pouvant contribuer à la déforestation, « le soja a la plus grande empreinte en termes de surface » et 60 % des importations proviennent du Brésil, souligne le ministère.

« Initialement disponible pour les importations directes du Brésil, (cet outil) sera étendu progressivement à d’autres pays et produits de base et mis à jour chaque année », précise le ministère.

Avec cet outil, « on voit que des moyens commencent à être débloqués », a salué lors d’une conférence de presse Sylvain Angerand de l’ONG Canopée, qui y a contribué.

Des distributeurs, comme Carrefour, Auchan, Lidl, des industriels comme Herta ou LDC ont signé un manifeste « pour lutter contre la déforestation importée liée au soja ». Il manque encore les importateurs de soja ou les acteurs de la restauration à domicile et le secteur de la finance, a souligné Sylvain Angerand.

Le but de cet outil est « d’amener de la transparence à l’utilisateur final de soja, la distribution ou les industriels, pour garantir au consommateur que ce qu’il achète comme produit ne contribue pas à la déforestation », a complété Thomas Sembres de l’Institut européen des forêts.

« Nous avons inscrit dans la loi climat et résilience l’obligation de zéro déforestation importée dans l’achat public de l’Etat », a rappelé la secrétaire d’Etat dans un entretien avec l’AFP mercredi.

« Nous en faisons la promotion à tous les niveaux des collectivités », avec un guide de bonnes pratiques des achats publics dans les domaines de la restauration, des transports, du bâtiment et de l’immobilier qui sera remis à jour prochainement. La démarche concerne aussi les entreprises, sur la base du volontariat.

Une réglementation européenne ambitieuse

En novembre, la Commission européenne a présenté une nouvelle réglementation pour interdire dans l’Union européenne l’importation de soja, bœuf, huile de palme, bois, cacao, café, ainsi que certains produits dérivés (cuir, ameublement…), quand ils contribuent à la déforestation.

« Ce règlement est très ambitieux, nous le porterons comme une priorité de la présidence française de l’UE » qui commencera en janvier, a commenté Bérangère Abba.

Il ne concernerait pas en revanche le maïs ou le caoutchouc et ne porte que sur les forêts, pas sur les savanes ou les zones humides, également détruites au profit de l’agriculture intensive.