Accéder au contenu principal
Life beef carbon

« Performances techniques, environnementales et économiques étroitement liées »


TNC le 10/12/2018 à 10:44
fiches_bovins_viande

Le projet Life beef carbon vise à réduire l'empreinte carbone des élevages allaitants. Pour cela, des professionnels ont créé un diagnostic, accessible à tous les éleveurs bovins viande, qui mesure la performance environnemental de l'élevage et identifie les leviers possibles. Olivier Delonay, éleveur en Loire Atlantique, a revu sa conduite d'élevage après avoir passé le diagnostic. Il confie alors : « J'ai réduit mon empreinte carbone, amélioré ma technicité et fait des économies. »

« L’ agriculture est responsable de 27 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. Néanmoins, c’est la seule production qui est capable de stocker ses émissions », explique Baptiste Cornette de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. « Il est important de travailler sur ces leviers d’amélioration. C’est comme ça qu’est né le plan carbone de la filière viande, qui est un projet européen : Life beef carbon. Il intègre des partenaires irlandais, espagnols, italiens et français. Dans l’hexagone, le projet est coordonné par l’Institut de l’élevage avec des partenaires comme des coopératives, les organismes de bovin croissance, des groupements de producteurs et des chambres d’agriculture. »

Diagnostiquer son élevage et identifier les leviers possibles

Les porteurs de projet ont créé un outil pour évaluer les émissions de gaz à effet de serre réelles de chaque élevage bovin viande volontaire. Accompagné par un technicien, l’éleveur entre alors des données de son troupeau (nombre d’UGB, système en place, renouvellement, IVV, âge au premier vêlage, etc.), de ses parcelles (rotation en place, apports azotés, rendements, etc.) et de la biodiversité (présences de mares, de haies, etc.). L’outil établie alors un bilan carbone et met en avant les leviers possibles pour réduire l’empreinte environnementale.

« Après deux ans de diagnostics en élevage, on sait que l’empreinte carbone des élevages allaitants varie entre 10 et 15 kg d’équivalent CO2 par kg de viande produit. Les systèmes engraisseurs produisent plus de viande par UGB donc leurs émissions sont diluées par rapport aux systèmes naisseurs. En revanche, ces derniers ont souvent des éléments plus importants sur le stockage du carbone (prairies, haies…) car les systèmes sont plus extensifs. »

Améliorer la technicité de l’élevage pour réduire son empreinte (en gagner plus !)

Olivier Delonay, éleveur naisseur-engraisseur de Blondes d’Aquitaine à Jans (Loire-Atlantique) a réalisé un diagnostic sur son élevage : « J’avais des idées en tête mais pas forcément de chiffres très précis à poser sur ma conduite environnementale. Finalement, les émissions de gaz à effet de serre proviennent surtout des fermentations entériques (la rumination des animaux) et c’est un levier sur lequel on a du mal à intervenir. Elles représentent un peu plus de 55 % des émissions de mon exploitation. À titre de comparaison, ma consommation de fuel représente 2 % des émissions (8 000 l de fuel/an). En revanche, ça n’est pas le même carbone : les fermentations entériques, c’est un carbone environnemental tandis que le fuel est un carbone fossile. »

Selon l’éleveur, le plus gros levier se situe sur la conduite d’élevage et la productivité des animaux : « L’objectif est d’avoir le moins d’animaux improductifs possible. On peut jouer sur l’IVV ou encore l’âge au premier vêlage. Gagner un ou deux mois sur l’ensemble du cheptel, c’est important. Il faut aussi accroître la productivité des animaux (leur GMQ) pour les garder le moins longtemps possible. »

« Sur l’exploitation, j’ai 6 km de haies qui participent au stockage du carbone, tout comme les prairies de longue durée. Depuis le diagnostic, j’ai entrepris de réduire l’âge au vêlage des primipares. Finalement, gagner un ou deux mois, ce n’est pas difficile à atteindre. Je me suis aussi penché sur l’alimentation en allant chercher une production de protéine au plus près de la ferme : je suis passé du soja au colza. » Là dessus, l’éleveur se plait à dire : « J’ai fait des économies environnementales et financières. Il y a une très forte corrélation entre les performances techniques et environnementales. Et donc ça joue forcément un rôle sur les performances économiques de la ferme ! »

>> Le même schéma est en place chez les éleveurs laitier. Découvrez chez Jean-Marc Burette, éleveur laitier (Pas-de-Calais) : « Moins d’émissions de GES, plus de revenu »